Un autel avait été improvisé au milieu du grand salon et autour se trouvaient Mademoiselle Mathilde de Crussol d’Uzès (Comtes de Sancerre), Madame la Duchesse d’Uzès sa belle sœur, Monsieur le Vicomte et Madame la Vicomtesse d’Hunolstein , son beau frère et sa sœur, Mademoiselle d’Hunolstein , sa nièce, assis sur des fauteuils. Les domestiques de la maison étaient massés par derrière avec les ouvriers. Monsieur Odieuvre , régisseur de la propriété assistait aussi à la cérémonie. (2)
En arrivant, Monsieur le Curé procède à la bénédiction générale des personnes présentes et du grand salon. S’agenouillant ensuite avec toute l’assistance, il récita à haute voix les actes de foi, d’espérance et de charité et s’adressant à Mademoiselle d’Uzès Il prononça l’allocation suivante : (3)
« Mademoiselle (4)
Quand la première pierre qui devait servir comme de fondement à la noble habitation que nos yeux voient aujourd’hui s’élever comme une couronne au sommet de cette montagne de Sancerre fut posée, vous avez en la pieuse pensée de demander une cérémonie religieuse. Vous avez voulu mettre cette grande entreprise sous la protection de Dieu et des Saints. (5)
J’ai eu le bonheur et la joie de venir en votre présence, Mademoiselle, en présence d’un certain nombre de personnes honorables et au milieu d’une foule d’ouvriers, répandre sur ces constructions qui sortaient à peine de terre, avec l’eau sacrée, les prières de la Sainte liturgie, à l’effet d’appeler les bénédictions particulières du ciel. (6)
Dieu nous a exaucés, Mademoiselle, et nous l’en remercions en ce moment d’une manière solennelle, après l’avoir remercié bien souvent en silencieux et dans le secret de nos cœurs, car aucun accident fâcheux, que je sache, n’est venu arrêté les travaux et partir la désolation dans quelques unes des familles de cette multitude d’hommes de tous les états qui y prirent part. » (7)
{Bonnin page : 356} (8)
« Maintenant l’œuvre est terminée. Cette magnifique demeure s’élève et dans une position qui est sans contredit une des plus belles du monde. De loin comme de père elle attire les regards. (9)
C’est à cette heure que votre piété se révéla encore, Mademoiselle, vous allez fixer votre séjour ici, pour une partie de l’année au moins et vous demandez de nouvelles bénédictions à la Sainte Église. Eh bien, en vertu du ministère sacré dont nous sommes revêtus, nous allons de nouveau implorer pour vous les faveurs célestes. (10)
Oui, Mademoiselle, que Dieu vous bénisse à votre entrée dans cette ville qui vous aime et vous vénère depuis longtemps déjà ! Que Dieu vous bénisse au moment de votre installation dans ce château que vous avez élevé et qui est bien digne de vous et de votre illustre famille ! Qu’il réponde des grâces de choix sur ces mûrs, sur cette maison, sur toute cette superbe enceinte que vous allez habiter ! (11)
En rentrant les prières liturgiques que l’Église met sur les lèvres de ses Prêtres en cette circonstance, je vais demander au Très-haut pour vous, Mademoiselle et pour toutes les personnes qui vous accompagneront pendant votre séjour ici, d’abord le premier des biens de la terre, je veux dire la santé, dit « in domo Sanitas » Avec elle la paix la tranquillité telles qu’on peut les avoir ici bas et comme couronnement de longs jours passés sous le regard de Dieu et dans la pratique du bien. (12)
Qu’en bénissant, qu’en sanctifiant cette demeure, le seigneur daigne en établir pour gardien un de ses anges les plus puissants afin qu’il la protège contre les dangers du jour et de la nuit. (13)
Vous avez voulu, Mademoiselle, qui les noms de Saint Georges , un des plus illustre martyr que l’Église honore et de Saint Hilaire , une des gloires les plus brillantes de cette antique contrée de l’Aquitaine où nous nous trouvons, fussent inscrits dans la pierre fondamentale de cet édifice. Je ne l’ai pas oublié ! C’était sans doute dans la pensée de les établir l’un et l’autre les protecteurs de cette nouvelle et splendide habitation comme ils l’avaient été autrefois de ce château fameux dont nous apercevons d’ici les restes importants. Que le bon Dieu veuille donc placer Sancerre et ses nobles hôtes sous la garde des Saints Georges x Hilaire. Nous l’en prions humblement. (14)
Enfin, voici les grâces spirituelles que l’Église veut que nous demandions aussi au ciel pour vous : « Sit in domo ista Castitas, Victoria, Virtus, humilitas, bonitas, mansuetude, plenitude logis et gratiarum actio Deo Patri et Filio et Spiritus Sanctu » Oh oui ! Des mœurs chastes régneront toujours ici, O seigneur, et avec elles toutes ces belles vertus à la persévérance desquelles vous avez promis la victoire. {Bonnin page : 357} (15)
Oui, nous verrons fleurir ici la modestie au milieu des grandeurs, la bonté et la douceur qu’enfants la charité appelée avec raison la plénitude de la loi. « Plenitudo logis est dilectio ». Oui, toujours, d’ici, de ces hauteurs sereines, en présence de ces magnificences de la nature qui environnent. Au milieu de l’abondance de toutes choses, on sera fidèle à rendre à Dieu d’humbles actions de grâces et ces actions de grâces. On n’oubliera pas de les faire présenter au Père, au Fils et au Saint Esprit par les mains des pauvres, des malades, des veuves, des orphelins, des délaissés qui trouveront incessamment en vous, Mademoiselle, j’en ai la conviction non seulement une protectrice, mais une mère. (16)
Encore un mot et je termine. Je ne crains pas de me tromper, Mademoiselle, en voyant dans ce jour, même que vous avez choisi pour cette circonstance, une intention toute particulière dont je vous félicite de tout mon cœur. Le samedi est consacré à la Sainte Vierge , mère de Dieu. C’est donc bien haut que vous nous dites aujourd’hui que vous mettez sous sa maternelle et puissance protection votre personne, vos biens, votre famille et tout ce que vous avez de plus cher. Puisse cette tendre et divine mère être toujours chérie de nous tous ! (17)
Puisse son doux fils Jésus (Jésus-Christ), Notre Seigneur, être toujours aimé, servi et adoré comme notre père, notre souverain maître et notre Dieu : Ainsi soit-il. (18)
Après cette allocation eut lieu la récitation des litanies de la Sainte Vierge et la bénédiction des différentes pièces du rez de chaussée et des cuisines. (19)
Monsieur le Curé récita ensuite une prière à Saint Georges et à Saint Hilaire et termina la cérémonie par la bénédiction des chambres des étages supérieurs. (20)