Le 6 mars 1862, à 8 heures du matin, eut lieu au milieu du Champ Loiseau , l’exécution du Sieur Étienne Jules Crochet , âgé de vingt cinq ans, garçon menuisier , natif de Crésancy , condamné par la Cour d’Assises de Bourges a être décapité sur une des places publiques de Sancerre pour crime d’assassinat suivi de vol commis sur la personne de son parrain, qu’habitait le village de Reigny, même commune. (2)
Communication de l’arrêt ayant été faite à Monsieur Bonnet , maire de Sancerre, Monsieur Sifflet , 1eradjoint, à l’instigation de l’élite de la Société de la ville, particulièrement de la partie féminisme rédigea une pétition qui fut couverte presque aussitôt d’une vingtaine de signatures et envoyé au Procureur Général à Bourges . Cette pétition demandait que {Bonnin page : 424} que le spectacle d’une exécution capitale fut épargné à la ville de Sancerre et que le coupable soit transféré sur le lieu même de son crime pour y subir sa peine ou bien guillotiné à Bourges sur la place réservé aux exécutions. Le Procureur Général répondit qu’il ne pouvait modifier la décision prise et au conséquence le condamné fut amené le 5 mars au soir de Bourges à Sancerre, dans une voiture cellulaire, en compagnie de l’aumônier des prisons et sous l’escorte d’une brigade de Gendarmerie . (3)
La guillotine l’avait précédé de quelques heures avec le bourreau de Bourges , celui d’Orléans et 2 ou 3 aides. La sinistre machine fut montée pendant la nuit par une pluie torrentielle. Dès le matin, malgré le mauvais temps, toutes les routes et les chemins aboutissent à Sancerre étaient garnis de personnes qui venaient à la ville contempler le triste spectacle qui se préparait. (4)
Une trentaine de gendarmes à cheval faisaient la haie autour de la guillotine et avaient beaucoup de peine à contenir la foule énorme qui se passait tout sur le Champ Loiseau que sur les chemins environnants. Comme toujours les femmes étaient là en immense majorité. Pendant ce temps les cloches de la paroisse sonnaient un glas funèbre, les aides faisaient la dernière toilette du condamné qui entendit ensuite dans la Chapelle de la Prison avec messe dite à son intention par l’ancien Curé de Crésancy qui lui avait fort faire sa 1ère communion. (5)
Après cette messe il monta dans la charrette fatale qui passant par la Rue du Dogue , traversant le Rempart et descendant la moitié du Chemin du Treillon , le conduisit au pied de la guillotine. En apercevant le malheureux, un frémissement se fit ressentir dans cette foule de personnes qui presque toutes le connaissaient. (6)
Il monta sur la plate forme avec assez de courage et embrassa l’aumônier et le bourreau d’Orléans qui devait l’exécuter. Dix secondes après il avait payé sa dette. La justice des hommes avait passé. Celle de Dieu commençait. (7)