Description de Sancerre de Léopold Bonnin : Anciens propriétaires du Château de Sancerre


Anciens propriétaires du Château de Sancerre (1)

Le 1erpossesseur du Château de Sancerre dont il sait fait mention dans l’ouvrage de la Thaumassière , fut d’après Eginard , le Comte Robert qui était issu de la famille des Rois de France et qui vivait en cette ville l’an 834, avec son épouse Agane fille de Vicfred Comte de Bourges . (2)

Son fils Robert II , qui lui succéda, maria sa fille Richilde avec Richard Comte de Troyes . Par cette alliance le Comté de Sancerre passa dans la maison de Champagne . (3)

Dans les pages qui précèdent, j’ai indiqué comment les Champagne devinrent possesseurs de la montagne et du Château de Sancerre. Je n’indique donc ici le Comte Robert et son fils que pour mémoire. (4)

Les 1erpossesseurs du Château de Sancerre furent après l’occupation romaine les Seigneurs de la ville de Gordon qui l’habitèrent jusque vers la moitié du 10ème siècle, c’est à dire jusqu’à la prise de possession de la forteresse par les normands. A partir de cette époque {Bonnin page : 402} il passe successivement entre les mains de : (5)

Thibault de Champagne, 1er (Thibault 1er de Blois) du nom surnommé le Vieil ou le Tricheur, dont l’origine normande ne fait doute pour aucun savant, (6)

Thibault II de Champagne (Thibaud III de Blois), né à Chartres en 962, (7)

Eudes 1er (Eudes 1er de Blois) ou Odon de Champagne, frère du précèdent, mort en 995, (8)

Roger (Roger 1er de Blois), Évêque de Beauvais , fils d’Eudes 1er(Eudes 1er de Blois), qui céda le Comté en 1015 à (9)

Eudes II (Eudes II de Blois) ou Odon dit le Champenois, 1er Comte du Palais du Roi Robert, en 1034, (10)

Thibault III de Champagne , mort en 1085, (11)

Henry (Henry 1er de Champagne), surnommé Étienne ou le père du Conseil, Comte Palatin de Champagne, tué à la bataille de Ramla en Palestine , le 18 juillet 1102, (12)

Thibault IV (Thibault IV de Champagne) dit le Grand, Comte Palatin de Champagne (13)

Tous les sur nommés appartenaient à la maison de Champagne proprement dite, (14)

Sous-Chapitre :Comtes de Sancerre

Après la mort de cette dernière, la propriété de Sancerre fut acquise en 1777, par Jean Frédéric Guillaume de Sehuguet Demary Baron d’Espagnac qui l’échangea au mois de février 1785, contre la principauté de Boisbelle et Henrichemont appartenant au Roi. Cette convention en fut sanctionnée qui par des lettres patentes de mars 1786. L’échange cependant ne fut pas consommé car dans l’assemblée des notables ce contrat fut signalé comme une scandaleuse dilapidation du pouvoir royal. Les revenus du Comté de Sancerre dépassant à peine 54000 livres tandis que les valeurs données en échange à Monsieur Espagnac (Charles Antoine Léonard de Sehuguet d’Amarzit d’Espagnac) s’élevaient à près de 6 millions. Malgré les explications de Monsieur de Calonne , contrôleur général des finances {Bonnin page : 404} et celles de Monsieur d’Espagnac , cet échange fut annulé par l’Assemblée Constituante le 27 juillet 1791, par un décret formulé dans les termes suivants ; (15)

Du 27 juillet – 12 septembre 1791 (16)

L’Assemblée Nationale (17)

Considérant que rien ne justifie que le gouvernement ait existé en 1777, le Sieur d’Espagnac à faire l’acquisition de la terre de Sancerre, (18)

Qu’aucun motif réel de justice ou de convenance n’a déterminé l’échange de cette terre en 1784, (19)

Que le consentement donné par le Roi à cet échange a été surpris par un exposé infidèle du Sieur de Calonne , alors son ministre, devenu partie intéressée dans ce même échange, (20)

Que dans le choix des domaines échangés on a compris des forêts considérables contre l’intention que le Roi avait expressément manifestée, (21)

Que la masse des domaines donnés en échange a été progressivement augmentée, au préjudice de l’État, par des distractions et des remplacements combinés, (22)

Qu’enfin l’intérêt national blessé par la disproportion qui existe entre le domaine de Sancerre et ceux qui ont été cédés en échange, ne permet pas de consommer un pareil contrat, (23)

Décrète ce qui suit ; (24)

Art. 1erl’Assemblée National révoque le contrat d’échange passé le 30 mars 1785 entre les commissaires du Roi, d’une part, et le Sieur Jean Frédéric Guillaume de Sahuguet d’Espagnac , de l’autre et tout ce qui a précédé et suivi, (25)

Décrète en conséquence que tous les domaines compris audit contrat et aux lettres patentes du mois de mars et d’août 1786, sont réunis au Domaine National pour être administrés par les préposés à la Régie des domaines nationaux à compter de la publication du présent décret. Délaisse audit Sieur d’Espagnac le ci-devant Comté de Sancerre pour s’en remettre en possession actuelle et en jouir comme si le dit échange n’avait eu lieu, (26)

Art. 2ème L’Agent du Trésor Public se pourvoira par les voies de droit, en payement de la somme de cinq cent mille livres dont il a été donné quittance au dit Sieur d’Espagnac par le contrat d’échange, (27)

Art. 3ème Il se pourvoira également en répétition de paroisse somme de cinq cent mille livres payée en vertu de l’ordonnance de comptant et ce solidairement tout contre ledit Sieur d’Espagnac que contre le Sieur de Calonne qui a fait délivrer cette somme contre la décision du Roi du 26 septembre 1784, sous en assurer l’emploi en payement des dettes hypothéquées sur le ci-devant Comté de Sancerre. (28)

Art. 4ème L’Agent du Trésor Public poursuivra en autre le remboursement de la somme de cent soixante mille sept cent trente trois livres quatre sous, payée en {Bonnin page : 405} vertu des ordonnances de comptant des 28 mars 1784, 10 septembre et 12 novembre 1786, sur laquelle somme il sera fait déduction au Sieur d’Espagnac , des frais relatifs, audit échange. (29)

Monsieur de Sahuguet d’Espagnac étant redevenu par le fait du décret ci-dessus propriétaire de la terre de Sancerre la revendit le 14 floréal an 3 par acte reçu Maître Charpentier , notaire à Paris à Messieurs : (30)

Xavier Caraillon des Tilliers, (31)

Charles Louis Cadet Gazincourt , (32)

Louis Feuillant , (33)

et Antoine Roy . (34)

En dernier en étant devenu plus tard seul propriétaire, elle échut après sa mort à sa fille Alexandrine Roy , Marquise de Talhouët, à laquelle succéda également sa fille Françoise de Talhouët Duchesse d’Uzès , mère de Mademoiselle de Crussol (Mathilde de Crussol d’Uzès), propriétaire actuelle. (35)