En 1ère ligne je placerai l’excellent usage (gourmandise à part) de s’offrir mutuellement des petits gâteaux le premier janvier, en même temps qui les souhaits de bonne année. Ces petits gâteaux qui sont ronds et qui ont 6 à 7 centimètres de diamètre et 2 à 3 d’épaisseur, sont préparés dès l’avant veille par les pâtissiers qui en vendent des quantités importantes tout en ville que pour la campagne. (2)
Une nuée de petits garçons, portant des corbeilles suspendues au cou par un cordon parcourt les rues de la ville du 31 décembre au matin jusqu’au 1er janvier, au soir, en offrant les petits gâteaux et en criant à tue tête : (3)
Aux petits gâteaux friands ! (4)
Réveillez vous donc (5)
petits galants (6)
Petits gâteaux (7)
tout chauds ! (8)
Apportez de l’argent (9)
dans la poche au petit marchand (10)
petits galants. (11)
Petits gâteaux (12)
tout chauds ! (13)
Brisez vous la gueule (14)
Cassez vous les dents (15)
Petits galants (16)
Petits gâteaux (17)
tout chauds ! (18)
{Bonnin page : 20} assez original. L’usage de s’offrir des petits gâteaux le premier jour de l’an doit être très ancien et tout porte à croire qu’il sera suivi encore quelques temps dans la bonne ville de Sancerre. (19)
Un autre usage qui n’est pas moins ancien, peut être même davantage, est celui du gâteau des rois. Je ne l’étendrai pas sur la manière de célébrer la royauté de la fève, elle est la même presque partout, je veux signaler seulement une particularité qui est, je crois, spéciale à notre pays. C’est le chant qui accompagne la demande de la part à Dieu. Ce chant arrivé jusqu’à nous, tout dénaturé, je le donne ici tel qu’il nous est offert par les jeunes garçons et les jeunes filles qui viennent à nos parties réclamées une part du gâteau du Rois (20)
Dieu soit loué dans nos maisons (21)
par toute la ville ; (22)
Écoutez, nous chanterons (23)
la vierge Marie (24)
Gabriel aîné (25)
s’en est retourné (26)
faire son message (27)
près le Roi des Rois (28)
Qui nous donne la paix (29)
Donnez nous la part à Dieu (30)
Mais s’il vous plaît (bis) (31)
Si vous ne voulez pas nous la donner (32)
Ne nous faites pas tant attendre ; (33)
Mon camarade qui est à la porte (34)
Qu’il a froid, qu’il en trouble ; (35)
Son sabot qui est tout pesée (36)
par où la boue entre (37)
Le gâteau qui est sur la table, (38)
le couteau qui le regarde (39)
Si vous ne voulez pas en couper (40)
Donnez le nous tout entier. (41)
Tailles en haut, tailles en bas (42)
Un petit morceau de gras ! (43)
En tout temps, la galette est bonne (44)
En tout temps il y a du beurre dedans (45)
Quand il n’y a pas de beurre dedans (46)
Çà vu s’appelle pas de la galette (47)
{Bonnin page : 21} (48)
Quand il n’y a pas de beurre dedans (49)
Ça s’appelle de Chauboulon ! (50)
Ce chant débité d’abord avec lenteur et sur un ton nasillard se termine très pressement. (51)
Les petits vignerons et les petites vigneronnes ne marquent jamais de chanter la part à Dieu devant les maisons où ils espèrent récolter des gros sous ou du pâté. (52)