Une mention spéciale doit être accordée à la maison suivante : En se repartant à l'article de la Rue Saint Denis , on y verra que j'ai signalé la manière économique employé par le Sieur Paul Petitbon pour la construction de quelques maisons qu'il possédait en ville. Nous nous trouvons en ce moment en présence d'un manuel échantillon en son savoir faire. Figurez vous une cahute, ayant pourtant un 1er étage, avec façade en brique sur champ, cheminée construite dans les mêmes conditions de solidité, fenêtres faites de pièces et de morceaux, chambre à peine carrelés, construction en ardoise tout comme le Château de Sancerre et possédant même un belvédère au sommet pour permettre probablement à l'heureux habitant de ce charmant séjour de jouir aussi de la vue de la Loire et ses bords enchanteurs. L'originalité de la construction et la manière économique dont elle a été faite, doivent être mentionnées ici à la louange et pour la plus grande gloire du Sieur Petitbon , mais pour compléter le tableau il convient de parler aussi du locataire actuel le sieur Henry Jacquet , boucher (ou bouchaillon comme au dit vulgairement dans le pays en parlent d'un mauvais boucher ) , lequel fait de l'unique pièce du rez de chaussée sa salle à manger, sa chambre à coucher, sa tuerie ou abattoir et sa triperie. Une personne délicate et dégoûtée ne peut pénétrer dans cet établissement d'un nouveau genre sans que la vue, son odorat, les vêtements et très souvent sa chaussure n'aient à en souffrir d'une nausée désagréable, car elle peut y trouver 3 ou 4 enfants se vautrant sur un méchant grabat ou parmi les peaux des animaux tués, au milieu des vers ou des mouches qu'on y rencontre par essaims, le père découpant sa viande, au milieu de la chambre, la mère lavant des tripes dans un coin et surveillant la cuisson de sa Fricassée qui bouillante devant le foyer et qui répand une odeur des plus nauséabondes, des chaires, des cochons où des chiens circulent en liberté dans la chambre et pouvant gratifier d'un coup de dent ou d'un coup de corne les personnes qui se sentent le courage d'entrer chez les époux Jacquet . Ce taudis appartient actuellement aux mineurs Spault , qui la tiennent par succession d'Henry Spault , facteur de ville et Mélanie Mariot , sa femme, lesquels en avaient fait l'acquisition du Sieur Petitbon en 1858 ou 1860. (2)
De nombreuses plaintes ayant été portées cette année par les voisins, au sujet du mauvais état de la cheminée, qui, rasée au niveau du toit, menaçait de partir l'incendie dans les propriétés voisines, le maire prit un arrêté enjoignant au Sieur Jacquet de cesser de faire du feu dans cette cheminée en question et de ne le rétablir que dans les conditions qu'il indiquerait. Les deux sur-nommés firent des difficultés pour exécution cette décision, mais devant des menaces d'incarcération ils se soumirent. (3)