Description de Sancerre de Léopold Bonnin : Rue Saint Denis


Rue Saint Denis ( Présent dans ) ( recensement 1876 ) ( en ) (1)

Géolocalisation du lieu

La Rue Saint Denis prend naissance dans un coin de la Place du Puits du Marché à l'est, et elle se termine à la Place de l'Ancien Marché aux Chevaux . (2)

Étymologie du lieu

Elle tire son nom de l'ancienne église Saint Denis qui était édifié non loin de là {Bonnin page : 80} à l'extrémité de la maison Paudas qui sera décrite ci-après. (3)

Détail du lieu

La 1ère maison, à droite, en descendant la rue, a été indiquée à la page précédante (article de la Place de l'Ancien Marché aux Chevaux ). Elle est habitée par Mr Odieuvre régisseur de la terre de Sancerre et appartient à Mademoiselle Mathilde de Crussol d'Uzès (Mathilde de Crussol d’Uzès). (4)

La deuxième est celle du sieur Auguste Paudos , selliercarrossier . Elle se compose de deux rangées de bâtiments séparés par une longue cour, soit l'un, le plus rapproché de la maison précédente n'est établi que depuis une vingtaine d'années sur une partie de la cour et sert au sieur Paudos d'ateliers de sellerie , de peinture et de serrurerie . (5)

Petite Histoire :Le bureau télégraphique

La partie du milieu de ce bâtiment est occupée par le sieur Paudos et sa famille. Le surplus se compose dune belle remise à la suite de laquelle se trouve une petite pièce carrée dont j'aurai occasion de parler tout à l'heure. (6)

Cette propriété appartenait il y a une vingtaine d'années aux héritiers de Madame Athalide Malfuson , épouse de Monsieur César Étienne Bordier , ancien avoué et juge du Tribunal de Sancerre qui la tenait de son père Monsieur François Honoré Malfuson , ancien avoué , ancien pasteur protestant et auteur de l'histoire de Sancerre publiée à Cosne (Cosne sur Loire) en 1826. Celui-ci l'avait acquis du Comte Roy , propriétaire de la terre de Sancerre. (7)

La maison principale n'était pas encore construite en 1749 sur son emplacement régnait un grand jardin établi lui même sur les ruines de l'ancienne église de Saint Denis (8)

Elle fut édifiée par la Princesse de Conti (Louise Élisabeth de Bourbon-Condé) vers 1770 et reliés ainsi qu'on la verra ci-après à l'ancienne sacristie de cette église (Église Saint Denis). La Princesse de Conti (Louise Élisabeth de Bourbon-Condé) qui habitait Paris , rue Saint Dominique, faubourg Saint Germain, paroisse Saint Sulpice, et qui ne pouvait plus se loger au château en raison de son délabrement, descendait dans la maison présentement décrite quand elle venait à Sancerre. (9)

Petite Histoire :Chapelle ou Église de St Denis

La maison Paudos , avant l'établissement des ateliers placés sur le côté droit de la cour, c'est à dire en 1860, avait été louée par la ville pour y installer, sur la demande du gouvernement, une caserne d'infanterie, mais le ministre de la guerre ayant décidé qu'il ne serait pas donné suite à ce projet, le bail fut annulé et la ville fut obligé de payer au sieur Paudos une somme de cinq cents francs à titre de dommages intérêts. (10)

Au dessous de la maison Paudos se trouve une petite maison possédée il y a quelques années par le sieur Jean Vailly dit « Jeanny », charron et aujourd'hui par sa fille Madame Louis Deron . Elle est habitée par cette dernière et Monsieur Pénard , commissaire de police . (11)

Une petite cour et une écurie à la suite, ayant une porte cochère sur la rue, dépendent de la Grande Maison qui leur fait face et qui appartient à Monsieur Julien Quillier , ancien notaire . (12)

En remontant la Rue Saint Denis , à droite, on rencontre d'abord, vis à vis l'écurie ci-dessus, une espèce d'échoppe habitué par le sieur Casimir Salbert , habitée et construite il y a 20 ou 25 ans, par le sieur Paul Petitbon , père, tourneur sur bois , sur {Bonnin page : 83} l'emplacement d'une étable acquise par ce dernier du sieur Pierre Cassier dit « Tassin » boucher . En édifiant ce petit monument il a démontré victorieusement à tous cesse qui se plaignent du chiffre énorme qu'atteint le prix des constructions à Sancerre, qui leurs récrimination sont données de tout fondement et qu'on peut réellement se loger à bon marché. Pour ne pas laisser derrière lui rien qu'un seul échantillon de son savoir faire, il a pris soin avant de mourir d'en bâtir en ville deux ou trois autres de même modèle. Les architectes et les propriétaires ayant des velléités de construction peuvent trouver là des inspiration en même temps que le noyau de faire des économies, (13)

La maison suivante, qui se trouve dans le détour de la rue, appartient à Monsieur Julien Quillier , ancien notaire , ancien adjoint au maire et suppléant de la justice de paix . C'est une des plus agréables de la ville, en raison de la vue magnifique qu'elle a sur le cours de la Loire et sur le val. Monsieur Guillard architecture l'a habitée avant Monsieur Julien Quillier , comme locataire de Monsieur Lamare , ci-après nommé Monsieur Quillier l'a acquise de Monsieur Ferdinand Lamare qui la tenait par succession de son père Monsieur Michel-Lazare Lamare , ancien avoué , ancien maire de Sancerre, décédé Président du tribunal qui l'a habité pendant plus de trente cinq ans. Avant lui elle était possédée par Monsieur Pierre Charles Clérault , ancien notaire qui la tenait de son beau père Monsieur Jacques Sarton , également ancien notaire et maire de Sancerre du 28 juin 1800 au 14 mai 1811, lequel l'a habitée jusqu'à sa mort. Celui-ci l'avait acquise de Monsieur Louis Dagoret Desgravières . C'est Monsieur Julien Quillier qui, au mois de juin 1866 a fait remonter la façade qu'elle est aujourd'hui et qui l'a couronnées de la galerie en pierre qui la surmonte. (14)

La maison qui suit appartient à Monsieur Abraham François Edmond Malfuson avoué et actuellement adjoint au maire de la ville de Sancerre. Elle est séparée de la rue par une cour, n'a qu'un rez de chaussée et est habitée par Monsieur Abraham Dircksen , huissier . Une terrasse établie sur le jardin située derrière la maison et qu'en dépend permet aussi de jouir d'un magnifique coup d’œil sur la Loire et ses rives. La cour se trouvant au devant de la maison était anciennement une rue qui communiquant avec l'Impasse Saint Denis . C'est pour cette raison que la maison Julien Quillier , ci enfin, a le droit d'avoir une grande fenêtre non grillée donnant sur cette cour. L'un des anciens, propriétaires, qui habitait la maison présentement décrite, Monsieur Abraham François Honoré Malfuson , ancien ministre protestant et ancien avoué , ayant voulu forcer par la voie judiciaire Monsieur Lamare à boucher cette fenêtre ou tout au moins à la garnir de barres de fer. Celui-ci qui était maire à l'époque le menaça de revendiquer au nom de la ville cette cour qui était en définitive qu'une voie publique usurpée. Devant cette menace, Monsieur Malfuson s'arrêta et depuis las les propriétaires de la maison Quillier ont joui sans trouble du droit de jour qu'ils possèdent sur la cour en question. Monsieur Malfuson (Honoré) la possédait du chef de sa femme qui était une demoiselle Dircksen et elle provenait à cette dernière de Michel Habert son oncle. (15)

{Bonnin page : 84} (16)

Petite Histoire :Trésor trouvé lors de la destruction d’une maisonnette

Monsieur Edmond Malfuson possède cette maison comme héritier de Monsieur Tancrède Malfuson , son père, décédé le 31 décembre 1869 , lequel l'avait lui même recueilli dans la succession de Monsieur Abraham François Honoré Malfuson , son père déjà nommé. Ce dernier l'avait acquise, au plutôt il avait acquis la maisonnette sur l'emplacement de laquelle elle fut construite plus tard, de Paul Duguay , tisserand et de Suzanne Roger , son épouse, par acte passé devant Maître Pinard , notaire à Bué , le 28 novembre 1807. Paul Duguay la tenait par acquisition de Louis Duguay , Étienne Duguay , Suzanne Duguay , épouse de François Semelet et Marie Anne Duguay , ses frères et sœurs moyennant 700 livres plus le payement d'une rente de 25 livres due à François Léveillé bourgeois de Sancerre et l'obligation de loger leur mère Suzanne Lauverjat . (17)

Les frères et sœurs Duguay la tenaient par succession de Paul Duguay , 1er du nom, drapier à Sancerre, lequel l'avait acquis avec Suzanne Lauverjat son épousé sur-nommée d'Anne Léveillé , religieuse de la Charité à Bourges , en la Communauté de Montoire , paroisse de St Médard, suivant contrat reçu Maître Gressin , notaire à Sancerre le 18 juin 1768, moyennant vingt cinq livres de rente foncière payables chaque année le jour de la fête de Saint Jean Baptiste . La dite Anne Léveillé l'avait recueillie dans la succession de François Léveillé son oncle suivant partage avec ses cohéritiers passé devant le dit notaire Gressin le 6 novembre 1767. François Léveillé l'avait héritée de Louis Dargent , veuve de Jean Léveillé , marchand à Sancerre qui l'avait acquise par acte reçu Préponnier , notaire en cette ville le 28 mai 1728 de Pierre Debin , tonnelier et de Françoise Deberge , son épouse, demeurant à Ménétréol sous Sancerre , moyennant 260 livres. Cette dernière l'avait recueilli dans la succession de sa mère Aimé Nourrissat veuve Deberge . (18)

Trois maisons restent à décrire : celle qui suit la maison Malfuson , appartient au sieur Étienne Moreux , le plus riche vigneron de Sancerre et est habité par le sieur François Michel Berthelomier , vannier et régisseur des chaises à l'église . La 2ème appartient à Madame Rose Mouton , veuve de Michel Cassier , aïeule paternelle Monsieur Charlemagne Cassier , maire actuel. Cette maison qui est habitué par le propriétaire était anciennement un cabaret appelé « la Souricière  », tenu par le sieur Jean Balland {Bonnin page : 85} Dadault et qui portait une enseigne assez drolatique, mais assez en rapport avec son nom. On y lisait en gros caractères : Ici on ne boit pas de bon vin, mais c'est la .. et un gros chat était représenté à la suite du mot le. Cette enseigne, après la suppression du cabaret, fut vendue à un cabaretier de Villechat dans la Nièvre , qui l'a suspendue en dessus de la porte de son établissement où les personnes allant du pont de Saint Thibault à Cosne (Cosne sur Loire), par le chemin ordinaire, peuvent encore le voir aujourd'hui. (19)

La dernière maison au haut de la rue, à droite, a été construite en 1869 par le sieur Louis Leduc , menuisier , sur l'emplacement d'une vieille masure ayant appartenu à son oncle Louis Biquin , tonnelier . C'est le Sieur Leduc qui a fait toute la menuiserie du nouveau Château. (20)