Dans l’espace compris entre cette porte et la maison Danjou s’installaient avant le déblaiement de l’ancien Cimetière, les saltimbanques et autres industriels faisant profession de se disloquer, de se briser les membres ou d’avaler des étoupes enflammées pour amusement du public. Pendant les foires du Beau Marché , l’installation de leurs baraques était excessivement nuisible à la circulation des voitures débouchant de la Rue Fangeuse ou y entrant par la Place de la Porte César et il est étonnant qu’il ne soit pas arrivé plus d’accidents, tout à cause de l’étroitesse du passage qu’en raison de la frayeur que les chevaux pouvaient avoir du bruit des tambours et des trompettes ou bien des hurlements des bêtes féroces exhibées par les baladins. En même temps qu’elle était dangereuse, cette installation était inconvenante et blessante pour les personnes qui conduisaient leurs morts au Cimetière. Il arrivait souvent qu’un enterrement survenait au moment d’une parade et que la musique se mêlait au chant de l’officiant et aux cris de douleur de la famille du défunt. (2)
En face, le long des bâtiments de Mademoiselle d’Uzès se tenaient les marchands d’oublies, les fabricants de gaufres, les loteries ou tournants, les jeux d’adresse de toutes sortes, les diseurs de bonne aventure, les somnambules, etc. Toute cette population flottante est reléguée maintenant {Bonnin page : 339} sur la Place de l’Ancien Cimetière qui, en raison de ses dimensions, suffit à la contenir. (3)