La Place de la Porte César , circonscrite au nord- ouest par l’ancien Cimetière de Saint Martin ou de la Porte César et par les maisons Danjou , au nord-est par l’entrée de l’Esplanade de la {Bonnin page : 336} Porte César et la partie supérieure du Rempart des Augustins , à l’est par les dépendances du Château de Sancerre et au sud par la Rue de la Porte César , la maison Gaucher et la Rue Fangeuse , (2)
doit aussi son nom à l’ancienne porte de ville. (3)
La Thaumassière et après lui, l’Abbé Poupard et Malfuson père, en parlant de l’origine de la ville de Sancerre, répétant ce qu’a dit Jean de Léry au titre de sa relation du siège, à savoir qu’anciennement la Porte César s’appelait la Porte Feuhard . (4)
Pour mon compte, je n’accepte pas aussi facilement que ces messieurs l’assertion de Maître Léry , offusqué de voir cet étranger essayer de détruire la tradition constante qui indique la fondation de notre chère et vieille ville par César , uniquement parce que dans son ignorance, il l’a crue fondée par les Bourguignons, je me suis assujetti à lire et déchiffrer tous les anciens titres que j’ai pu trouver, datant de 1500 à 1600 et relatifs à des immeubles situés aux environs de la Porte César. Je n’en ai trouvé aucun indiquant le nom de Feuhard partant au contraire figure le nom du conquérant. Il était d’autant plus mémoire d’opérer ces recherches et de rectifier le dire du ministre Huguenot que ce malencontreux nom de Porte Feuhard mis si mal à propos en avant par Léry , a été la cause première de tous les tâtonnement et de toutes les diversités d’opinions, qui se sont produites touchant l’origine de Sancerre, depuis l’apparition de son journal du siège. (5)
A l’époque où il écrivit ce journal la porte en question était, ainsi qu’il le dit lui même vulgairement appelée la Porte César, ou a t-il vu que contrairement aux habitudes prises par les habitants, aux titres de propriété rédigés par les notaires d’alors, à la tradition transmise de siècle en siècle et de génération en génération, cette porte s’appelait de son vrai nom la Porte Feuhard ? Nulle part ailleurs que dans son imagination. Du reste, il n’eut ni le temps en les moyens de s’assurer du fait qu’il avançait. Arrivé à Sancerre le 28 août 1572, au lendemain des massacres de la Saint Barthélémy, sans avoir aucune notion, de ce qui concernait cette ville, il n’y resta que jusqu’au 25 août 1573, c’est à dire une année seulement. Il n’en sortit pas une seule fois et en se rendant compte de ce qui se passe dans notre ville dans cet intervalle d’une année, la prise du Château par le Sieur de Racan (où il eut si grand peur, ainsi qu’il l’avoue lui même), la reprise par les sancerrois, le siège pendant lequel notre ministre n’est guère que le laisser de relever jour par jour les coups de canon tirés, le nombre des personnes tuées ou blessées et de pousser nos malheureux compatriotes à la résistance, les pourparlers de la capitulation et le faire de sa sûreté personnelle, en est forcé d’admettre qu’aucune créance ne doit lui être accordée sur ce point. (6)
Le côté droit de cette place, en se dirigeant de la Halle sur le Rempart, est occupé par les dépendances du Château. Comme j’ai l’intention de consacrer un article spécial à la description du Château de Sancerre, je passerai de suite au côté gauche de la place. (7)
Sur cette dernière face se rencontre d’abord, en quittant la Rue Fangeuse , l’emplacement de l’ancien Cimetière de la Porte César . Cet emplacement qui n’est place publique mais propriété patrimoniale de la commune, rappelle trop de souvenirs pour que je ne lui consacre pas un chapitre distinct. Je le laisserai donc également de côté et je décrirai plus loin. {Bonnin page : 337} (8)
(9)
Les maisons Danjou qui suivent forment une sorte de carré dont la façade principale se trouve sur la Place de la Porte César et les trois autres sur des terrains dépendant des dites maisons et situés à l’exposition du midi, du couchant, du nord et du nord-est. (10)
La 1ère de ces maisons qui joute l’emplacement de l’ancien cimetière protestant est habité par Monsieur Bourgeat , entreposeur des tabacs Le bureau de celui-ci est au rez de chaussée lequel est surmonté de deux étages. Les pièces du 2ème étage sont basses de plafond et les fenêtres presque au niveau du parquet. Cette dernière disposition fut cause, il y a une dizaine d’années, d’un horrible accident qui causa la mort de Mademoiselle Delesalle , âgée de 22 ans, fille de Monsieur Delesalle , prédécesseur de Monsieur Bourgeat . Elle se penchait un peu en dehors pour voir passer quelqu’un lorsqu’elle perdit l’équilibre et tomba sur le sol de la place d’où on la relève inanimé. Anciennement un escalier en pierre construit sur la voie publique et couvert par une toiture en tuiles conduisait de la place au 1erétage de cette maison qui si trouvait à la hauteur du 2ème étage actuel. (11)
Celle qui fait face à la Loire (Chemin de Vinon) est occupée depuis 1875 par Monsieur Jallasson , procureur de la République . Auparavant elle était habitée par Monsieur Delamalle aussi procureur de la République et ensuite Président du tribunal de Sancerre décédé récemment à Nevers où il remplissait les mêmes fonctions. Qu’il me soit permis de saluer en passant la touche à peine fermée de cet homme de bien qui fut le fondateur de la Société de Saint Vincent de Paul de Sancerre, et pendant tout le temps de son séjour en cette ville le modèle parfait du vrai chrétien, du père de famille, du magistrat et du bon citoyen. (12)
(13)
Derrière ces bâtiments se trouvent de vastes terrains, transformés en jardins, dont jouissent Messieurs Jalasson et Bourgeat . Dans la portion de ce dernier est édifiée une petite construction en basse goutte, adossée au mûr de l’ancien Cimetière et dans laquelle est installé le dépôt de poudres (poudrerie). Près de ce petit bâtiment est une porte à claire voie, ouverte sur la propriété communale sans droit ni qualité, mais que la ville peut faire boucher à 1ère réquisition, ainsi qu’on le verra au chapitre spécial de la Place de l’Ancien Cimetière . (14)
Ces bâtiments et terrains appartiennent à Mademoiselle Pauline Danjou , propriétaire, demeurant au Château de Crézancy, en qualité de seule et unique héritière de son père Monsieur Anselme Danjou , qui fut Président du tribunal Civil de Sancerre et habita cette maison pendant plus de quarante ans. Monsieur Danjou , qui était originaire d’Aubigny (Aubigny sur Nère), était le fils d’André Danjou , bailli de la Chapelle d’Angillon qui descendait très probablement d’un Sieur Danjou Sieur de {Bonnin page : 338} maison qui vivait en 1693. Il passait pour être très instruit dans le droit, mais il a laissé ici les souvenirs le plus déplorables. Il était d’une immoralité repoussante en paroles et en actions, triste défaut chez un homme investi de la charge de juger les autres. Dans les derniers temps de sa vie, il circulait en ville à moitié vêtu et il était en même temps un objet de dégoût et la risée du public. Sa seconde femme, mère de Mademoiselle Pauline Danjou , était une Demoiselle Suzanne Berneau , couturière de son état. (15)
J’ignore de qui Monsieur Danjou tenait ces différents immeubles et quels ont pu en être anciennement les propriétaires. Je crois pourtant, mais sans pouvoir l’affirmer, qu’ils ont dû appartenir vers 1650 au Sieur Pierre Gréné de Préfontaine , d’abord Avocat au parlement , puis procureur général fiscal au Comté de Sancerre et qu’ils dépendaient antérieurement du Prieuré de Saint Martin . (16)
La maison située entre la Rue Fangeuse et la Rue de la Porte César , et qui fait face à la Loire (Chemin de Vinon), appartient au Sieur Valentin Gaucher Siguargant , ouvrier menuisier à Paris et a pour locataires le Sieur Vincent Habert , cabaretier à l’enseigne du « Soleil Levant » et Monsieur Ponroy substitut du procureur de la République . Cette maison ayant été décrite au chapitre de la Rue de la Porte César , je n’ai pas à m’étendre ici davantage à son sujet. (17)
Avant 1867, l’ancien cimetière était séparé de la Place de la Porte César par un mur partant du coin de la cour du Sieur Duriez , dans la Rue Fangeuse et allant aboutir au coin de la 1ère maison Danjou , mur dont on aperçoit encore les traces. La porte d’entrée du Cimetière était proche de la Rue Fangeuse et faisait face au passage conduisant dans la propriété de Mademoiselle d’Uzès et se trouvant à l’extrémité nord de la Rue de la Porte César , à droite. (18)
Je ne saurais désigner d’une manière précise l’emplacement de l’Ancienne Porte César , mais en suivant sur le rempart voisin la trace des anciens mûrs de ville, il est permis de croire qu’elle devait se trouver entre la grande porte actuelle de la propriété de Mademoiselle d’Uzés (Mathilde de Crussol d’Uzès), proche l’Esplanade et la maison Danjou . (19)
Inutile d’ajouter que la tradition rapporte que ce fut par cet endroit que le conquérant des Gaules aborda sur la montagne de Sancerre. (20)
(21)