Entre La Tour Ovale et la Tour des Fiefs régnait une haute muraille crénelée dont on aperçoit encore les traces après cette dernière tour. Au pied de cette muraille était la porte principale du château proprement dit, laquelle ouvrait sur un large escalier en pierre, qui descendait entre deux rangées de rochers énormes jusqu’à la porte de l’enceinte établie sur la Place du Marché aux Chevaux (2)
La galerie couverte dont j’ai déjà eu l’occasion de parler et qui régnait au devant de la Tour des Fiefs s’étendait jusqu’à La Tour Ovale . (3)
Proche La Tour Saint Georges et au dessus de la porte de fer, à l’est, se trouvait un gros bâtiment servant de cuisines au rez de chaussée et au premier étage de jeu de paume et d’habitation pour le chapelain du Comté qui desservait la Chapelle Saint Hilaire . (4)
A la suite de ce bâtiment et en tirant sur le midi se trouvait la Chapelle Saint Hilaire , moult belle si l’on en croit les vieilles chroniques, qui avait son entrée principale sur une grande cour la séparant de La Tour Dauphine et dont les verrières s’étalaient au levant et au couchant. (5)
En mai 1210, Guillaume de Sancerre et sa femme Eustache de Courtenay assignèrent au chapelain qui était alors Messire Hugues , et à ses successeurs, à perpétuités 64 boisseaux de froment et autant de seigle, à prendre sur le moulin de Ménétréol sous Sancerre , pour assurer la célébration de l’office divin dans la Chapelle. Un revenu de si x libres en argent y fut ajouté dans la suite. Après la démolition du Château et de la Chapelle en1621, le titulaire fut obligé de faire acquitter pour les fondations deux messes par semaine, en l’Église paroissiale de Sancerre. (6)
En 1694, le titulaire de la Vicairie de Saint Hilaire était Messire Louis Chertier qui la délaissa le 26 septembre même année à Messire Jean Baraton , conseiller et Procureur du Roi (procureur du Roy) en la ville d’Issoudun . Par un acte du 15 mai 1698, ce dernier titulaire transporta pour trois années à honorable homme François Mounier , marchand à Sancerre, le revenu temporel de ladite vicairie , moyennant sept vingt livres par chacun en payables savoir : 40 livres à chacun jour de la Fête de Saint Michel au Sieur Curé de Sancerre pour la desserte dudit bénéfice (2 messes par semaine) et le surplus ou 100 livres, à chacun jour de la fête de Noël , rendu conduit en la ville de Bourges , au logis en pendant pour enseigne « Ma Tarte Noire », Rue d’Auron. (7)
Le 13 août 1701, Jacques Baraton , clerc tonsuré, fils du précédent, étant receveur titulaire de la Vicairie de Saint Hilaire par suite de la résignation faite en sa faveur par Jean Baraton , son père.{Bonnin page : 364} permuta le 31 août 1710 avec Messire Emmanuel Suffret , Prêtre du diocèse de Fréjus , lequel de l’assentiment de la cour de Rome devait de la sorte titulaire de ladite vicairie et céda en échange au Sieur Baraton le canonicat et prébonde de l’Église Saint Cyr d’Issoudun . Messire Suffret fut mis en possession de son bénéfice ledit jour 31 août 1710 ainsi qu’il résulte d’un acte aussi à la même date par Monsieur François Préponnier , notaire à Sancerre. (8)
D’après un acte reçu par la même notaire le 17 juin 1714, la vicairie de Saint Hilaire, possédait alors une vigne au lieu appelé la Marne (Marnes) près le lieu et domaine de la mi voie, paroisse de Saint Satur . (9)
Entre la Chapelle et La Tour Saint Hilaire , La Tour Ovale , se trouvait la grande cour du château. Une petite cour suis au couchant de la Chapelle Saint Hilaire et qui communiquait avec la grande cour et avec La Tour Saint Georges par un passage longeant les cuisines, contenant un puits de 312 pieds de profondeur dont l’ouverture fut bouchée par les démolitions provenant des tours environnantes. Ce puits, d’après la tradition descendait bien au dessous du niveau de la Loire . (10)
Une longue suite de pièces d’habitation formait un angle obtus et dont les dessous contenait les écuries du Château s’étendait depuis La Tour Saint Georges , jusqu’à La Tour Ovale en passant devant la Tour des Fiefs avec laquelle. Ces pièces communiquaient par la tourelle de l’escalier. (11)
Entre La Tour Dauphine et La Tour Saint Hilaire régnait une belle terrasse crénelée d’où il était facile de surveiller tout le pays compris entre La Charité et Maltaverne et le passage du fleuve par le gué de Tracy . (12)
Au dessus du château, au midi, et au pied de La Tour Saint Hilaire était un petit jardin ou seconde terrasse qui aujourd’hui est converti en pelouse. (13)
En tombant sur l’action de la mine les débris des Tours Saint Hilaire et Ovale formèrent une cavité ou sorte de grotte ayant son entrée sur la pelouse dont je viens de parler. Dans cette grotte existe actuellement une cheminée qui doit être d’une construction assez récente. Des milliers de noms ont été gravés tout sur le conduit de cette cheminée que sur le rocher lui même par les nombreux touristes qui ont visité les ruines du vieux château. La cavité en question s’appelle je ne sais pourquoi la grotte des faux monnayeurs. Cette dénomination n’est nullement justifié. (14)
Près delà, à l’ouest, sur l’emplacement d’une allée montant à la Tour des Fiefs , se trouvait encore en 1873 une petite maisonnette désigné sous le nom de l’Ermitage et qui a été détruite au cours des travaux de reconstitution du château. (15)
Par la description que je viens de donner de l’Ancien Château (Ancien Château Féodal) de Sancerre, autant que par la vue des vestiges qui en restant aujourd’hui, il est facile de le faire une idée de l’importance de cette forteresse qui détruite en grande partie en 1158 par Guillaume Comté de Nevers fut reconstruite dans les conditions que je viens d’indiquer de 1400 à 1430 tant par Béraud II (Marguerite de Blois-Champagne) et Béraud III Dauphin d’Auvergne que par la comtesse Jeanne (Jeanne 1ere de Clermont-Sancerre) de Sancerre épouse de Louis de Bourbon Montpensier (Louis III). {Bonnin page : 365} (16)
De cette époque jusqu’en 1621, époque à laquelle le château fut démantelé par le Prince de Condé (Henry II de Bourbon-Condé), aucune modification ne fut apportée aux dispositions ci-dessus indiquées. Vers la fin du 18ème siècle Monsieur His , riche banquier de Hambourg , beau père de Monsieur de Sahuguet d’Espagnac , propriétaire de la terre de Sancerre, fit à grands frais couvrir de terre végétale, les ruines du vieux château, il y traça des allées et y fit des plantations. Messieurs Roy , Caraillon des Tilliers, Cadet Gazincourt et Fouillant , successeur de Monsieur d’Espagnac continuèrent ces travaux et créèrent le parc qui existe aujourd’hui. (17)
Dans les pages qui vont suivre, je donnerai mon appréciation sur l’origine du château de Sancerre et son assimilation avec le Château Gordon , mais je dois dire ne pas en finir avec la description proprement dite de cette vieille forteresse qu’au temps de la prise par Guillaume de Nevers elle ne devait avoir qu’une seule tour, celle de Saint Hilaire ou Tour Carrée dont parle Nicolay . Le surplus se comparait très probablement d’ouvrages moins importants et de murailles élevées sur des roches à pic et dans les conditions où étaient construites sous les carolingiens les forteresses féodales. Sous les rois de la 2ème race* et même sous les premiers capétiens , d’après les auteurs qui ont étudié l’archéologie militaire. Ces forteresses n’étaient ordinairement que des habitations de bois édifiées sur des tertres ou monticules plus ou moins élevés et défendus par des remparts de terre munis de fortes palissades ou des amoncellements de rochers. Il est présumable qu’il en était ainsi à Sancerre. (18)