Le village d’Amigny situé aujourd’hui sur le versant nord de la montagne de Bellechaume s’étendait anciennement jusque sur le bord de la Grande Voie Romaine allant du camp de Sancerre sur la Sologne . (2)
Les vestiges de carrelage trouvés dans les vignes de la Croix, notamment dans celle portant le n°3081 du plan cadastral, section A, permettent d’affirmer le fait. Au pré Marsault, n°3241 même section de gros murs en pierre noire et fernasse y ont été également découverts il y a une vingtaine d’années. Le Champ Scard , n°2840 contenant aussi des habitations et un puits d’une profondeur extraordinaire qui a été comblé vers 1836. (3)
Ce village est désigné dans des titres des 13ème et 14ème sous le nom d’Adminius. (4)
D’après le recensement de 1876, il contient 314 habitants et il on toujours fait partie de la Paroisse de Sancerre. (5)
Dans les 1ère année de la réforme quelques familles d’Amigny , délaissèrent la vraie foi, celle de leurs pères, pour donner dans les erreurs de Calvin. Il n’y existe plus {Bonnin page : 468} de protestants depuis longtemps déjà et plus fermes et vaillants catholiques que les vignerons de Sancerre. Ceux d’Amigny se font encore un devoir sacré d’observé le repas dominical et de remplir les obligations que leur impose leur titre de chrétien et de catholique. (6)
Le caractère des vignerons d’Amigny et leur manière d’agir sont tout différents de ceux des vignerons de Sancerre. Ceux-ci, ainsi que je l’ai dit au commençant enorgueillis par la facilité avec laquelle ils vendent leurs produits, par les hauts pour qu’ils atteignent et conséquemment par la promptitude avec laquelle ils arrondissent leur fortune, sont hautains , généralement assez insultants et chose curieuse, envieuse à l’excès, ce qui explique pourquoi les doctrines socialistes est trouvé chez eux tant d’adhérents. Ceux d’Amigny , au contraire, tout en étant aussi aisés, sont plus humbles, généralement plus polis et surtout essentiellement conservateurs. (7)
En 1851, un certain tailleur d’habits de Sancerre, le né Joseph Préchiac (Preschiag) voulut sur la Place d’Amigny , exalter les vertus de la marianne. Il ne dût son salut qu’à une prompte fuite, les habitants, après lui avoir enfoncé à coup de poings son chapeau à haute forme jusque sur les épaules, voulaient le jeter dans l’abreuvoir. (8)
En 1869, lors du dernier plébiscité, un maréchal ferrant le Sieur Daulny , ardent socialiste, voulut les détourner et les faire voter contre le principe d’autorité représenter alors par Napoléon III . Ils le menacèrent de lui enlever leur clientèle et de faire venir à Amigny un autre maréchal pour le remplacer. Le malheureux pour conserver son pain fut obligé de lui suivre au scrutin et de voter à bulletin découvert. (9)
Cette différence dans les idées a été la cause de la séparation ou deux parties de la confrérie de Saint Vincent . Les confrères d’Amigny se sont retirés de ceux de Sancerre et ils ont leur dignitaires particuliers et une caisse distincte. (10)
Comme la ville de Sancerre le village d’Amigny ne connaît pas les maladies épidémiques. Le pays est sain grâce un vent du nord qui peut seul pénétrer dans la gorge où le village est construit et aussi aux jardins qui environnent les maisons et qui permettent à l’air d’y circuler librement. (11)
Nulle part aux environs on n’y voit des vieillards d’un âge aussi avancé. Il n’est pas rare d’y rencontrer des bons vieux de 80 à 85 ans, portant encore la hotte et le pic ou bien s’acheminer vers la ville le dimanche, avec de gros sabots aux pieds pour assister aux offices. Il y a quelques années s’est éteinte une pauvre vieille, aveugle depuis un an à peine, qui avait atteint l’âge de quatre vingt douze ans. (12)
Il n’entre pas dans mon plan de décrire une à une toutes les maisons d’Amigny comme je l’ai fais pour la ville de Sancerre. Ce travail n’aurait aucun intérêt pour le lecteur. Je me bornerai à indiquer les quelques maisons bourgeoises qui s’y trouvaient au siècle dernier et qui méritent une description spéciale. {Bonnin page : 469} (13)
Amigny se divise en deux parties distinctes séparées par le Pré de la Courte à Pouce appartenant à Silvain Pinard dit « Lelin » et un verger appartenant aux Sieurs Jules et Étienne Lesimple dits « Cadorot » (14)
La 1ère partie qui se trouve à l’entrée du village, en arrivant de Sancerre s’appelle le Carrou (ou Carroir) parce que tout près de là est un carrefour formé par la réunion du Chemin de Chassaignes et de celui de la Rue de Veau . (15)
La 2ème partie s’appelle les Marronniers à cause de deux marronniers énormes qui, au dire des vieillards, sont âgés de plus de cinq cents ans et qui sont implantés sur un terrain communal, à l’angle du Chemin du Bas de la Fontaine et de celui de la Courte à Pouce . (16)
Dans la 1ère partie, une seule maison est à signaler. C’est celle occupée et possédée aujourd’hui par les Sieurs Jules et Étienne Lesimple « Cadarot » sus-nommés. Cette maison qui se trouve sur le côté gauche, en descendant le chemin dit du Bas de la Fontaine est reconnaissable par les deux piliers en pierre placés aux côtés de la porte cochère et qui sont surmontés de deux globes parsemés d’étoiles. Elle provient aux frères Lesimple de leur père François Lesimple dit « Cadoret » qui l’avait acquise de Monsieur Abraham François Honoré Malfuson , avoué à Sancerre, qui la tenait de son beau père Monsieur Christophe Dircksen , originaire de la ville de Hambourg , lequel l’avait reçu par testament de Monsieur His , usufruitier de la terre de Sancerre et son compatriote. (17)
Antérieurement au 29 septembre 1856, un abreuvoir existait sur la Place du Carrou , proche la croix qui s’y trouve planté. Cet abreuvoir qui gênant la circulation et qui avait déjà occasionné quelques accidents recevait les jus de fumier et les égouts des habitations voisines et les eaux se trouvaient par conséquent corrompues et nuisibles à la santé des animaux. De plus, en hiver, le trop plein de cet abreuvoir s’échappant sur la voie publique se congelait et rendait le passage impossible. Pour obvier à tous ces inconvénients et sur la demande du conseiller municipal du village, le Sieur Pierre Paillard dit « Cassinot », meunier, Alexandre Bonnet prit à la date sus-indiquée un arrêté interdisant cet abreuvoir qui fut remplacé par deux autres établis l’un dans le Champ Scard et l’autre à la Courte à Pouce . (18)
Quatre maisons sont à signaler dans la 2ème partie : (19)
La 1ère en descendant le Chemin de la Courte à Pouce aux Marronniers appartient aux Sieurs François Cherrier , Guillaume Berneau et autres. Elle appartenait, il y a cinquante ans à Monsieur Brierre , conseiller général du Loiret et ancien propriétaire de la maison Dumaige , située à Sancerre, au coin nord-ouest de la Place de l’Orme de Saint Père . (20)
La 2ème qui lui fait face appartient à Jean Millon dit « Quété » et lui provient de Monsieur Jean François Élisabeth Poupardin , ancien maire de Sancerre. (21)
La 3ème situé sur le Chemin de la Fontaine et qui appartient aujourd’hui aux Sieurs {Bonnin page : 470} Jean Berneau et Pierre Poirier dit « Crouzy »est la plus importante du village. Une cour très spacieuse dans laquelle on pénètre par une porte cochère et une petite porte de service, en grès noir, se trouve au couchant de la maison. Au dessus de ces portes existait encore en 1846 ou 1847 une pierre pouvant avoir quarante centimètres carrés et sur laquelle étaient sculptées des armoiries. Elle fut enlevée lors de la vente de la maison par les vendeurs Messieurs Charles Decencière , propriétaire et son gendre Jules Thibault , juge de paix à la Chapelle d’Angillon et transportée dans cette dernière ville. (22)
La 4ème qui se trouve sur le Chemin des Marronniers à la Rue de Veau , sur la gauche et qui est aujourd’hui entre six propriétaires, les sieurs Charles Lesimple , Auguste Berneau dit « Manicot », François Planchon dit « Cadot », Louis Berneau dit « La Soupe à l’Huile », Casinier Salmon et la Veuve Paul Planchon , était aussi très importante quoique n’ayant pas l’apparence de celle qui précède immédiatement. Une citerne contenant deux mille hectolitres d’eau existe dans le jardin, derrière les bâtiments. Elle est recouverte de dalles sur lesquelles les propriétaires actuels passent pour aller à leurs caves respectives qui n’en formaient dans le principe qu’une seule pouvant contenir cent pièces de vin d’assiette, c’est à dire non gerbées. Cet immeuble appartient anciennement à Monsieur Drouin , propriétaire en Bourgogne qui la tenait d’un nommé Hubert propriétaire et négociant à Paris . Celui-ci l’avait acquise de Monsieur Claude L’Éveillé , ancien maire de Sancerre et de Monsieur Bongrand , son frère utérin, qui la tenaient de Madame Raimbault Dantin , leur tante. Elle avait appartenu auparavant à Madame Perrinet de Fraugne . (23)
A l’extrémité ouest d’un pré situé devant la maison ci-dessus désignée sous le n°3 est la fontaine d’Amigny , dont le débit dépassa en été cent vingt hectolitres par jour. L’eau en est très belle et d’une limpidité parfaite. Un lavoir en très bon état qui se trouve en avant la fontaine est d’une très grande utilité pour les ménagères d’Amigny . (24)