Le bâtiment qui fait le coin de la Place de l'Ancien Marché aux Chevaux et de la Rue Saint Denis , à droite, en descendant cette rue, et auquel on accède par un escalier de pierre établi sur la place, appartient à Mademoiselle de Crussol d'Uzés (Mathilde de Crussol d’Uzès), propriétaire du château de Sancerre et est habité par Monsieur Odieuvre , son régisseur . Il a été acquis par Monsieur le Comte Roy , bisaïeul de Mademoiselle de Crussol (Mathilde de Crussol d’Uzès) des héritiers de Madame Pierrette Vergnaud ou Verraud, veuve de Monsieur Jean de Montaigu , ancien officier et ancien directeur des postes à Sancerre, qui l'avait habité jusqu'à sa mort arrivée vers 1846. A cette époque les enfants du quartier appelait cette maison le palais de chatte blanche parce que Madame de Montaigu , qui n'avait avec elle ni enfants, ni domestiques , y entretenait toute une compagnie de chats, huit ou dix, je crois qu'elle nourrissait de gâteaux et de toutes espèces de friandises. Madame de Montaigu tenait cette maison par succession de Monsieur Jean Baptiste Gillet de la Bouloise (Bouloises), ancien brigadier de la maréchaussée à Sancerre, son parent. (2)
Cette maison est construite sur un précipice ou tout au moins sur un caveau immense dont personne ne connaît l'étendue ni la direction. J'ai souvent entendu raconter par mon père, qui était le filleul de Madame de Montaigu , que vers 1797 ou 1798, si trouvait dans la maison à regarder les maçons qui travaillaient à réparer les murs de la pose d'aisances situés dans la petite cour qui fait suite à la maison et qui en dépend, ceux-ci étant descendus dans cette fosse qui se vidait d'elle même sans qu'on puisse en savoir la cause, aperçurent tout au fond une pierre carrée munie d'un anneau de fer. Ils soulevèrent cette pierre et faillirent tomber asphyxiés par l'acide carbonique qui se dégageait de l'ouverture. Ils remontèrent dans la cour au plus cite et après s'être un peu réunis et avoir pris les précautions nécessaires ils redescendirent dans la fosse avec Monsieur de Montaigu et deux ou trois autres personnes munies de lumière et d'un cordeau très long. Une lanterne allumée fut descendu dans le trou mais elle s'éteignit aussitôt et il ne fut pas possible de voir quoique ce soit. Une grosse pierre fut alors attaché au cordeau et descendu à son tour. S'arrêta t-elle dans quelque fractuosité ou bien descendit-elle dans un précipice sans fond. C'est ce qu'on ne peut savoir. Toujours est-il que la corde apportée n'étant pas suffisamment longue pour que la pierre puisse atteindre le fond, on dût la remonter. Les personnes présentes jetèrent alors des pierres dans le trou. Ces pierres n'atteignaient le solide qu'au bout de quelques secondes et de là roulaient très longtemps encore jusqu'à ce que l'on entendit plus rien. Voulant savoir à quoi m'en tenir à ce sujet, j'en parlé il y a quelques temps à Monsieur Odieuvre , qui habite la maison. Ce dernier me déclara que le fait était vrai et que, il y a une vingtaine d'années, Monsieur le Comte Roy , avait fait à cet effet, construire au dessus de la fosse d'aisances, une voûte de sûreté pour éviter des accidents. Il ajoutait qu'en temps de neige, il n'en avait jamais dans sa cour, qu'elle faudrait aussitôt tombée. Il y a là un mystère. Il serait bon d'éclairer dans l'intérêt de notre histoire locale car si souterrain il y a. Il se pourrait faire que ce souterrain ait son entrée ou son point de départ dans le vieux château dont la maison que je décris n'est éloignée que de 30 à 40 mètres {Bonnin page : 79} et son extrémité en dehors de la ville. Dans cette hypothèse on pouvait même dire que c'est un tronçon du fameux souterrain de Jacques Cœur qui d'après la tradition part de Sancerre et a sa sortie à Bourges , sous le palais du célèbre argentier, place Berry. Il y a quelques années, sur le chemin de Pignol (Chemin de la Croix de Pignol au Château), à 40 mètres de la Porte Vieille on a découvert la naissance d'une voûte de la même largeur que celle de l'escalier du caveau de la Tour des Fiefs , dans la direction de cette tour d'une part et d'autre part dans celle de Bourges . Comme il se trouvait sous la vigne et la haie du sieur Bailly - Dubois , les recherches n'ont pas été poussées plus loin peut être trouverait-on là un éclaircissement au sujet de la maison Odieuvre et de son souterrain. (3)