Ce fut à la Rue Creuse que l’Armée Sabotière (au chouannerie sancerroise) sur les ordres de Philippeaux et comprenant un effectif d’environ deux mille hommes, se réunit pour s’emparer de le ville de Sancerre, le 13 germinal an IV de la République. Cette troupe qui était armée de mauvais fusils, de faux, de fourches et de bâtons fut surnommée l’Armée Sabotière par ce que les individus qui la composaient et qui étaient en majorité des paysans des environs, étaient tous chaussés de sabots. La ville s’était mise en état de défense. Les deux canons furent braqués, l’un à la Porte Saint André , dans la direction de la Rue Creuse , l’autre à la Porte Vieille . Les habitants étaient armés de piques et de fusils, mais la division s’étant mise entre La Garde Nationale et les bourgeois , toute idée de résistance fut abandonnée. La Garde Nationale se retira sur Bourges et les habitants signalés comme étant les plus dévoués à la République quittèrent la ville et passèrent dans la Nièvre , de peur d’être molestés par les chouans. (2)
Ceux-ci firent leurs entrée en ville par la Porte Vieille , aux cris de « Vive la Roi», accompagné d’une dizaine d’enfants de la ville, qui étant descendus à la Rue Creuse pour les voir de plus prés, avaient été saisis et retrouvé comme otages malgré leurs gémissements. Mon père, alors âgé de neuf ans, était du nombre. L’Armée Royale abatit les arbres de la Liberté {Bonnin page : 464} qui se trouvaient dans la ville, planta le drapeau blanc sur le clocher et chanta ensuite un « Te Deum » d’action de grâces dans l’Église, après avoir préalablement brisé et jeté dehors la statue de la liberté et les bustes de Marat , Danton , Robespierre , Lepeletier , Barras et Viala qui y avaient été déposés depuis plus de trois ans par les ordres du Club Révolutionnaire. Les caisses publiques furent dévalisées et les archives municipales si précieuses par leur ancienneté, furent brûlées. Le 19 germinal l’Armée Sabotière quitta Sancerre et se retira sur Sens Beaujeu où elle fut détruite le 20 au matin par la colonne dirigée contre elle et commandée par le Général Connel . (3)