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L’église Notre Dame , qui était située sur le côté gauche de la portion de la Chaussée Romaine tendant de la Porte César à Saint Thibault et qui n’était séparée de celle de Saint Romble que par le cimetière de Gordon fut édifiée au 5ème siècle par Saint Romble . Elle dépendait originairement du prieuré de Bénédictins transféré par le saint solitaire de Subligny à Gordon, lequel était un membre de l’Abbaye de Sieur Laurent de Bourges parce que cette maison avait été formée par les religieux sortant {Bonnin page : 389} de cette abbaye. Les bénédictions de Notre Dame restèrent dans leur prieuré jusqu’en 1420, époque à laquelle celui-ci fut ruiné ainsi que l’église, par les anglais. Cette église ayant été rétablie l’Abbesse de Saint Laurent de Bourges auprès de qui les religieuses s’étaient retirées, y entretint des vicaires perpétuels dans le revenu se composait d’une partie des Ablations qui s’y faisaient. En sa qualité de prieuré de Notre Dame, l’Abbesse de Saint Laurent nommait le curé de Sancerre et était obligée d’acquitter audit curé et par chacun an cent dix livres pour les 1ères messes des dimanches et fêtes. (3)
L’Église Notre Dame fut trois fois détruite et trois fois reconstruite mais sur des emplacements différents. (4)
La première se trouvait édifiée dans l’enclos dit des religieuses faisant face à Saint Satur . Elle s’étendait de la route actuelle de La Charité jusqu’à l’emplacement choisi plus tard pour la construction de la seconde église, emplacement dont elle absorbait près d’un quart. Le plan qui se trouve à la page précédente détermina mieux que je ne saurais le faire par écrit les différents endroits ou furent successivement élevées les églises de Notre Dame . Celle dont il est actuellement question fut détruite je pense en 1258 lors de la prise du château de Sancerre par le Comte de Nevers ainsi qu’on le verra plus loin. Il n’en reste aujourd’hui que l’ouverture de deux caveaux funéraires découverts en 1840 lors de la construction de la Route de la Charité et qui indiquant l’orientation de l’édifice. Ils sont à environ quatre mètres au dessus du niveau de la route actuelle et sur la crête du talus et sont couronnés d’un peu de mûr d’environ un mètre et demi de hauteur. L’un de ces caveaux, le mieux conservé, sert actuellement de refuge au cantonnier de la route pendant les pluies ou les chaleurs de l’été. (5)
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La seconde église dont les mûrs d’enceinte et la base de sept à huit piliers sont encore parfaitement reconnaissables mesurant 43 mètres de long et environ dix à 12 mètres de large. Elle avait trois nefs. L’autel se trouvait à l’extrémité de la nef principale au couchant et la porte d’entrée dans un des mûrs de côté, au nord-ouest. Elle était construite dans le style roman ainsi que le provient différents vestiges encore visibles. Les caveaux funéraires qui existaient sur toute la longueur du monument sont encore intacte. Plusieurs Seigneurs de Sancerre qui avaient enrichi le prieuré par leurs libéralités et contribué à l’embellissement de l’église furent inhumés dans les caveaux, notamment le père, la mère et la sœur du connétable de Sancerre. Ce vaillant homme de guerre, par son traitement, avait même désigné pour sa sépulture l’Église de Notre Dame de Sancerre, mais le Roi Charles V voulut qu’il fut inhumé à Saint Denis , près de Dugesclin (Bertrand du Guesclin), dont il avait imité les belles actions. (7)
Cette église édifiée vers la fin du 12ème siècle fut détruite par les anglais en 1420. (8)
La 3ème église qui fut construite peu de temps après la destruction de la précédente, avec les {Bonnin page : 390} matériaux provenant de la démolition de celle-ci fut reportée encore un peu plus près du chemin de la Porte César (Chemin de la Porte César à Saint Romble) et dans la direction du sud au nord. Un pan de mûr de la 2ème église, dans lequel se trouvait une ancienne fenêtre restait debout sur le côté gauche et de l’autel . Il fut consolidé et devient le fond de la 3ème église qui mesura vingt sept mètres 30 centimètres de longueur sur 10 mètres de largeur. Par le plan d’autre part on voit que l’un de ses coins, absorbait toute la largeur du chemin actuel de la Porte César qui décrivait alors une courbe assez prononcé dans les terrains qui formèrent plus tard le cimetière des protestants et le parc du château. (9)
Démolie en partie en 1569 par les huguenots, elle fut réparée en 1574 ou 1571 par les catholiques de la ville et les offices et pèlerinages de Saint Romble y eurent bien jusqu’en 1791. Un grand nombre de sancerrois y furent inhumés ainsi qu’il résulte des registres paroissiaux, pendant cette période. Elle serait aussi souvent de lieu de réunion aux catholiques de Sancerre pour les affaires de la fabrique (Conseil de fabrique de la paroisse de Notre Dame de Sancerre) de l’église Saint Jean. Ainsi, il résulte d’un procès-verbal dressé par Thibault Nizon , bailli de Sancerre, Mèche et Bannerois que les sancerrois appartenant au culte catholique romain s’y réunirent le 8 mai 1701, en assemblée générale pour décider l’arreutement (arrenter) d’une vigne sise au climat de Thou et appartenant à la fabrique (Conseil de fabrique de la paroisse de Notre Dame de Sancerre) de l’Église Saint Jean. (10)
Déclaré bien national en 1793, elle fut vendu au Sieur Édouard Macnab qui la fit démolir et qui employa les matériaux à la reconstruction de sa maison de la Place de la Paneterie , ancien logis de la Thaumassière (11)
Il n’en reste plus qu’un peu de mûr de sept mètres de longueur et de 9 à 10 mètres de hauteur auquel était adossé l’autel et un autre bloc de maçonnerie à l’endroit où devait se trouver la porte d’entrée. (12)
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