Il n’existe, à ma connaissance que cinq vues ou dessin représentant le Château de Sancerre. (2)
1) Un tableau de Jean Cousin , peintre du milieu du 16ème siècle, représentant le château vu du levant, c’est à dite du côté de la Loire . Ce tableau relaté dans l’histoire du Curé Poupard était {Bonnin page : 366} au commencement du 18ème siècle encadré dans le devant d’une cheminée de la maison de Madame Veuve de Pyesres . Il devient à la mort de cette dame la propriété de Monsieur Desbans , bailli de Sancerre, son parent et il est actuellement introuvable. (3)
2) Un dessin à la plume fait pendant le siège de 1569, par un né Chastillon , ingénieur du Roi Charles IX et dont l’original est à la bibliothèque Mazarine . Ce dessin pris de trop loin est inexact et n’a d’autre mérite que son ancienneté. (4)
3) Une aquarelle représentant le Château de Sancerre en 1560 et reproduite d’une vignette se trouvant dans la bibliothèque de Chezal Benoît (voir à la page précédente). La vue est prise du coin de la Place de l’Ancien Marché aux Chevaux , à la partie supérieur de la Rue Saint Denis et représente par conséquent le château du côté de la ville. Le plan par terre de la vieille forteresse se trouve au dessous. Ce plan est très exact dans la partie faisant face à la ville. Du côté de la Loire ,au contraire, il existe quelques points erronés. (5)
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Les deux autres vues sont : (7)
Une gravure sur bois de minima valeur se trouvant en tête de l’histoire de Sancerre par le Curé Poupard , édité par Just Bernard , librairie à Bourges en 1838. Elle représente la ville de Sancerre avant le siège et laisse apercevoir d’une manière très apparente le château au dernier plan. Impossible de le reconnaître tant il diffère des trois vues précédentes et des vestiges qui sont encore visibles aujourd’hui. (8)
La deuxième est un dessin fait en 1827 au 1828 par Monsieur Houël régisseur de la terre de Sancerre. Ce dessin, outre qu’il révèle chez son auteur l’ignorance la plus complète des lois de la perspective est une fantaisie, une vraie fantaisie, sans aucune valeur. Il suffit du reste pour la juger de se rappeler que Monsieur Houël qui était étranger au pays et qui n’habitait Sancerre que depuis 1820 ou 1821, époque à laquelle il fut appelé au poste de secrétaire de la Mairie (Hôtel de Ville) de cette ville, n’avait pu voir le château avant sa démolition. En second lieu qu’il avait quitté le pays et qu’il était probablement morts depuis très longtemps lorsque les travaux de reconstruction du nouveau château en 1873, mirent à découvert ce qui restait de l’ancien. (9)
{Bonnin page : 367 additif 1} (10)
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La gravure ci-dessus qui est, parait-il, la reproduction du tableau de Jean Cousin , a paru dans le n°12 du magazine pittoresque du 1885 à l’instigation de Monsieur Louis Raynal , auteur de l’histoire du Berry. La notice qui accompagnait cette gravure, bien que non signée, est l’œuvre de l’honorable historien . (12)
Pour qui connaît les dispositions de l’Ancien Château (Ancien Château Féodal) il est facile à première vue à constater l’inexactitude du tableau de Jean Cousin . La Tour des Fiefs est trop massive ainsi que la tourelle de l’escalier. La partie carrée qui la flanque à gauche n’est pas assez élevée et il n’y existait aucune fenêtre. A cette exposition la Tour et cet appendice formaient une surface plane ainsi qu’il est facile de la voir encore aujourd’hui. Les tours n’étaient pas convertis de la manière indiquée. (13)
Les Tours des Fiefs Dauphine et Saint Georges sont à peu de chose près à leur place, mais La Tour Ovale qu’on aperçoit sur la gauche est trop éloignée de la Tour des Fiefs et La Tour Saint Hilaire n’est pas représentée à moins cependant que Cousin ait voulu indiquer comme étant cette dernière tout la construction carré qui se trouve au premier plan et presque au centre de la grande courtine ce qui serait une grosse erreur. (14)
{Bonnin page : 367 additif 2} (15)
La Chapelle Saint Hilaire dont on voyait encore les derniers vestiges en 1872, ne figure pas non plus dans cette gravure. On ne peut confondre cette chapelle qui était construite sur la muraille même, du côté de la Loire , avec le gros bâtiment flanqué d’un clocheton située à l’arrière plan du côté de la ville. Le logement du chapelain que se trouvait entre la chapelle (Chapelle Saint Hilaire) et La Tour Saint Georges et sur lequel était la fameuse porte de fer que l’on devrait apercevoir et dont on ne découvre aucune trace, ne se retrouve pas non plus dans la gravure en question. (16)
En résumé, mon avis est que Jean Cousin , s’il a réellement vue le Château de Sancerre en 1571, ce qu’est pas prouvé, n’a pas exécuté son dessin sur les lieux mêmes. Il a du le faire de mémoire un peu plus tard, ce qui expliquerait les inexactitudes et les omissions que je viens de signaler. (17)
Je ne vois dans cette gravure qu’un seul point intéressant, c’est le massif de ruines qui se trouve en avant de la muraille et des rochers sur la droite. Bien qu’étant trop rapprochées du château et sur une pente trop peu accentué. Il est facile de reconnaître dans ces ruines les restes de la Chapelle Sainte Catherine détruite par les anglais en 1421. (18)
Le dessin fait en 1827 ou 1828 par Monsieur Houël , régisseur de la terre de Sancerre et représentant l’Ancien Château (Ancien Château Féodal) est une copie grossière du tableau de Jean Cousin . (19)
Sancerre 12 novembre 1885 (20)
signé : Bonnin (21)
{Bonnin page : 366 suite} (22)