Les mœurs de la population sont généralement bonnes. Les étrangers et principalement les fonctionnaires toujours accueillis avec la plus grande Affabilité quittent Sancerre avec regret tout les relations y sont agréables. (2)
La bourgeoisie est animée d’un excellent esprit à tous points de vue. Les classes ouvrière et commerçant quoique ayant des instincts généreux, sont perdues par la fréquentation des cafés et cabarets et par les doctrines socialistes . Les vignerons de Sancerre, que l’on désigne ordinairement par les sobriquets de pieds jaunes, en raison de la couleur de leurs sabots ou de culs cassés parce que sur leurs vieux jours ils sont généralement très courbés, sont sobres, travailleurs et économes, mais en raison de leur prospérité et du peu de savoir qu’ils ont pu acquérir dans les écoles primaires, ils sont aussi hautains , orgueilleux à l’excès, et plus envieux, égoïstes au suprême degré et insolents. Comme les ouvriers, ils sont en grande partie inclus des doctrines radicales . J’ai parlé de leur égoïsme. Ce triste défaut se révèle surtout dans la manière dont ils traitent leurs vieux parents. Aussitôt que ceux-ci sont en raison de leur age ou de leurs infirmités, dans l’impossibilité de travailler, ils sont réduits à abandonner leur lieu à leurs enfants pour ne pas le voir péricliter entre leurs mains débiles. Ces derniers le reçoivent avec joie, mais ils voient généralement d’un mauvais œil les auteurs de leurs jours prendre place à leur foyer, être une source de dépense, alors qu’ils ne peuvent plus rien rapporter par leur travail. Peu de temps après, les pauvres vieux sont obligés de s’adresser à la charité publique , leur enfants les laissant manquer de tout. On pourra croire que je charge le tableau par antipathie pour le classe vigneronne. Il n’en est rien. Je dis l’exacte vérité et je pourrais encore dire plus. (3)
Les vignerons de Chavignol et d’Amigny ont au contraire, des idées très conservatrices . Il sont dévoués à l’ordre et beaucoup plus respectueux et dévoués pour leurs vieux parents que ceux de la ville. (4)
La différence des idées politiques a produit ici, surtout depuis 1870 et 1871, époque à laquelle quantité de parisiens sont venus se réfugier dans nos murs pendant le siège de Paris et la commune, des haines et des décisions excessivement regrettables. Des parents ont cessé toutes relations, des voisins ne peuvent se rencontrer sur le même palier sans se menacer et s’injurier, {Bonnin page : 4} Les positions et les emplois sont enviés par les personnages les plus infirmes et les titulaires menacés. Notre ville autrefois si tranquille, si paisible est divisé en plusieurs camps prêts, le cas échéants, à en venir aux mains. Espérons qu’avec le temps ces haines et les divisions viendront à s’éteindre. (5)