Le village de Chavignol (anciennement Cavilonensem et Cheveniol) qui comprend 484 habitants est situé au pied des montagnes dite de Mont Damnés et des Buissons (Boissons), dans une sorte d’impasse. (2)
L’origine du village de Chavignol n’est pas connue. (3)
En 1129, il en était question dans un accord intervenu entre les religieux de Saint Satur et les Religieuses Bénédictines de Saint Laurent de Bourges , pour la dîme des vignes de ce village. (4)
Avant la révolution, le village de Chavignol avait pour Seigneur le Chapitre de Bourges. Ceci résulte d’un acte de 1784 qui m’a été communiqués. (5)
Les habitants de Chavignol sont généralement peu aidés, comme ceux d’Amigny . Ils sont essentiellement conservateurs, les doctrines socialistes n’y ayant pour ainsi dire trouvé aucun adepte. Ils sont honnêtes, très attachés à leur religion et d’une humeur très joviale. Ils se distinguent par une certaine gaillardise et de l’enjouement qu’on ne trouve pas au même degré dans le surplus de la commune. Monsieur Poupard a également constaté le fait. (6)
Le village de Chavignol a toujours fait partie de la paroisse de Sancerre jusqu’au 5 février 1859, époque à laquelle la Chapelle de Chavignol fut érigée en succursale ainsi qu’on le verra ci-après. (7)
La halle dont il a été parlé ci-dessus n’existe plus depuis longtemps et personne à Chavignol , ne peut même plus indiquer son emplacement. Cependant après examen approfondi des lieux, je crois pouvoir d’une manière presque certaine désigner la place où elle était construite (voir ci-après). (8)
En 1793, l’administration des domaines nationaux s’empara de cette chapelle comme de tous les édifices religieux et la mit en vente. Les habitants de Chavignol s’entendirent ensemble et deux d’entre eux furent chargés d’en faire l’acquisition coûte que coûte. (9)
En effet le 21 prairial an 3, les Sieurs Jean Baptiste Millon et Pierre Bailly s’en rendirent acquéreurs moyennant mille soixante quinze francs. (10)
Jusqu’à la réouverture des églises, elle ne fut affectée à aucun usage profane à cette époque les habitants en reprirent la jouissance et des messes y furent dites une fois par mois par Monsieur le Curé de Sancerre. (11)
L’Ancienne Chapelle et la nouvelle église seront décrites plus loin lorsque j’en arriverai à la division du village par quartiers. (12)
Sept chemins aboutissant au village ou la traversant, savoir : Le Grand Chemin de Sancerre à Ménetou Ratel , le Chemin des Sentiers ou du dessous des Bouffants conduisant à Fontenay , celui d’Amigny par le Bois Thirot , celui de Verdigny , la Rue des Boins , au Chemin du Dessous de Chavignolet , le Chemin du Haut de Chavignolet et celui dit des Près de la Cave . (13)
Au pied de la montagne de Mont Damné (Montdanné), dans une vigne appartenant au Sieur Alexis Paillard dit « le Couton », reconnu et surtout redouté dans le pays comme rebouteux , Loup Garou , birette , etc. se trouve une source appelée communément le Sordon , qui sort après les grandes pluies, arrose les Prés de la Cave et le Grand Pré , puis prend son cours sous le nom de la Colette dans la propriété de Jacques Boulay dit « Caucase » et se jette dans le grand ruisseau venant de Chavignolet , proche l’entrée du Chemin de Verdigny . (14)
En raison de sa position, au pied des montagnes des Buissons (Boissons) et de Mont Damnés le village de Chavignol eut plusieurs fois à souffrir d’inondation qui causèrent des accidents graves. (15)
Ces quatre inondations connues dans le pays sous le nom de ravois ont laissé à Chavignol des souvenirs qui ne sont pas prêts de s’effacer. {Bonnin page : 480} (16)
Ainsi que j’ai procédé pour Amigny , je ne donnerai pas ici la description particulière de chaque maison de Chavignol , j’indiquerai seulement celles qui ont une certaine importance et qui à une autre époque furent habitées ou possédées par des personnes aisées de Sancerre ou d’ailleurs et je m’efforcerai de donner une description aussi complète qui possède de l’Ancienne Chapelle , de l’Église actuelle et du presbytère. (17)
Pour faciliter mon travail et pour le rendre plus clair, je diviserai Chavignol en neuf parties. (18)
Dans la 1ère qui est comprise entre le Grand Chemin de Sancerre (Grand Chemin de Sancerre à Ménetou Ratel), et celui dit des Sentiers où des dessous des Bouffants et qui se trouve sur la droite en arrivant de Sancerre, deux maisons seulement saut à signaler : (19)
1) Celle dite de la Duval sise sur le bord du Grand Chemin (Grand Chemin de Sancerre à Ménetou Ratel), proche le puits du même nom, appartenant au Sieur Jacques Pinon dit « Cadidix », lui provenant de Romble Pinon , son père et acquise par celui-ci de la famille Gay d’Aubilly . (20)
2) Et celle appartenant anciennement à Monsieur Triboudet « l’Amérique », sise derrière la précédente, de l’autre côté du ruisseau, actuellement divisé entre trois propriétaires les Sieurs Louis Aimable Boulay , Étienne Boisbeau et Charles Moreux , acquéreurs de Monsieur Triboudet . (21)
Dans la 2ème partie, qui fait face à la précédente et qui est compris entre le Grand Chemin de Sancerre (Grand Chemin de Sancerre à Ménetou Ratel), le Sentier de Bois Raffin et le Chemin d’Amigny deux maisons méritent l’attention du lecteur. Ce sont : celle habitée aujourd’hui par le Sieur Médard Evezard , appartenant à Monsieur Poumier Maillet , de Léré et celle de Monsieur Ernest Chenu de Villeneuve, propriétaire à Saint Jean de Braye près Orléans . (22)
Dans la 3ème partie, qui fait suite à la première ci-dessus et limitée par le Chemin de Sancerre (rigole entre), le Chemin de Verdigny et le Chemin des Sentiers est désignée sous le nom de la Sauloie ou la Saulaie, en raison du grand nombre de Saules qui s’y trouvaient implantés à un certain époque. La portion de cet emplacement longeant le Grand Chemin et sur laquelle sont aujourd’hui des jardins et terrains vagues, ainsi que l’emplacement de la maison du Sieur Pierre Boulay dit « Boudy » faisant l’encoignure du Chemin de Verdigny et qui n’est construite que depuis 1834, doivent seuls nous occuper. A mon avis la Halle du Village, dont il est fait mention au commencement de ce chapitre, était édifiée là, sur le bord du Grand Chemin de Sancerre à Ménetou (Grand Chemin de Sancerre à Ménetou Ratel). Le Chemin de Verdigny au nord-ouest, celui de Fontenay au nord y aboutissaient, celui d’Amigny avait son entrée non loin de là. Aucun autre emplacement dans Chavignol , ne pouvait mieux convenir à tous les points de vue. (23)
La 4ème partie, entre le Chemin de Verdigny et le passage situé au couchant {Bonnin page : 481} de l’Ancienne Chapelle et conduisant aux bâtiments dits « du Coursonnet », n’a de remarquable que l’Ancienne Chapelle sise ainsi qu’on l’a déjà vu, sur la Place unique du Village et en face d’un orne d’une grosseur énorme qui occupe le centre de cette place et qui a très probablement été planté là en exécution de l’ordonnance de Sully connue de tous. (24)
Dans la 5ème partie, comprise entre le Chemin d’Amigny et la Rue des Boins , à gauche, se trouvant la maison du Sieur François Vatan dit « la Grève », vigneron et conseiller municipal , lui promenant de Monsieur Louis Dagoret Desgravières , ancien Procureur du Roi (procureur du Roy) au siège de la monnaie de Bourges et de deux Marie Anne Perrinet , son épouse, donataires du Pré de la Motte . Celle sise en face l’Ancienne Chapelle , de l’autre côté de l’Abreuvoir, appartenant à Étienne Thomas dit « Boulet », conseiller municipal et adjoint de la ville de Sancerre, lui provenant de Monsieur Buchet Desforges du Noyer. Et comme de Pierre Thomas {Bonnin page : 482} dit « Margot », contiguë à la précédente, une laquelle elle ne formait autrefois qu’un seul bâtiment et provenant au propriétaire actuel de Monsieur Pierre Charles Clérault notaire à Sancerre. Ce deux dernières maisons appartenaient également dans le principe à Monsieur et Madame Dagoret Desgravières . (25)
Celles des Sieur François Denizot , Jean Millon , Paul Boulay , dans la Rue des Boins , qui autrefois n’en fermait qu’une seule appartenant à Monsieur Jean Baptiste Simon Raimbault et à son beau père Silvain Joseph Gressin , colonel d’état major au 24ème de ligne sous le 1erEmpire. (26)
La 6ème partie comprise entre le Grand Chemin de Sancerre à Ménetou (Grand Chemin de Sancerre à Ménetou Ratel), la Rue des Boins et celui du haut de Chavignolet contient cinq maisons qu’il convient de désigner ici. (27)
La 1ère sise dans l’angle formé par le Grand Chemin de Sancerre (Grand Chemin de Sancerre à Ménetou Ratel) et la Rue des Boins , proche l’Ancienne Chapelle et l’abreuvoir appartient aujourd’hui à deux propriétaires : le Sieur Louis Delaporte , vigneron et la Dame Augustine Delaporte , sa sœur, épouse d’Antoine Vigier , gendarme retraité et actuellement cafetier . L’établissement de ce dernier à sa façade sur la place et les bâtiments de son beau frère sont en arrière, au fond de la cour et la long du Grand Chemin. Le tout provient à la femme Vigier et à Louis Delaporte , de la succession de leur père Jean Delaporte dit « Porto » (dont j’ai parlé à l’occasion de la séparation sous le rapport spirituel du Chavignol d’avec Sancerre) et a été acquis par ce dernier de Monsieur Louis Chaudru De Raynal , ancien professeur au Lycée de Bourges, père de Monsieur De Raynal , procureur général à la cour de cassation . Dans la cour de cette maison se trouve un puits creusé vers 1820 ou 1825 et qui est d’ un débit extraordinaire. Les ouvriers qui le creusaient furent surpris par l’eau et n’eurent que tout juste le temps de remonter en laissant au fond tous leurs outils. Un pressoir à huile était anciennement installé dans cette maison. (28)
La deuxième maison sise au sud-ouest de la précédente, en se rapprochant de la Rue des Boins , appartient à Étienne Lesimple dit « Nigau » et lui provient de Monsieur Jean Baptiste Simon Raimbault , déjà nommé. (29)
La troisième sise dans la Rue des Boins , à droite, appartenant à François Maréchal dit « Le Petit Farceur », provient à ce dernier de Monsieur Grangier de la Boulaye. D’après la tradition, un moulin à eau était autrefois établi près de cette maison dont il dépendait et était alimenté par l’eau de Chavignolet . (30)
La quatrième dit « le Caveau », appartient à Monsieur Chenu de Villeneuve, lui provient de Monsieur Gressin , Receveur des finances à Bourges, son aïeul, qui l’avait acquise du Baron Hyde de Neuville . Lors du ravoi le 1804, elle appartenait encore à ce dernier. Le nom de maison « du Coucou » qu’elle porte encore aujourd’hui lui vient de ce qu’au siècle dernier des carrières furent ouvertes derrière cette maison, pour y extraire de la pierre et que pendant un certain temps quand l’extraction ont cessé, elles servirent au propriétaire pour y déposer son vin et différents autres objets tels que merrain , charnier , etc.. Ces carrières ont été bouchés depuis, mais il est facile encore d’en déterminer l’emplacement. (31)
La cinquième sis sur le côté gauche du Grand Chemin montant à l’Église, au lieu dit le Carroi, appartient à la Veuve et aux enfants de Jacques Delaporte ou Laporte et provient à ce dernier de Monsieur Jean François Elisabeth Poupardin , ancien Maire de Sancerre. (32)
Dans la septième partie appelée Les Pivotins , comprise entre le passage situé au couchant de l’Ancienne Chapelle et le pré désigné sous le nom de Grand Pré , qui appartient à Étienne Thomas dit « Boulot », adjoint, deux maisons seulement méritent quelque attention. La première située à l’extrémité du passage dont il vient d’être parlé, appartient à Jean Joseph Millon dit « Crosse » et provenait à son père d’acquisition faite de Monsieur Sainte Marie Gay d’Aubilly , propriétaire à Bourges. Elle appartenait auparavant à Monsieur le Baron Sallé de Choux, conseiller à la Cour de Bourges. {Bonnin page : 484} C’est cette maison qui se trouvant à proximité de l’Ancienne Chapelle était proposée par le Sieur Thomas « Boulet » pour servir de presbytère. (33)
La 2ème sise sur le Grand Chemin conduisant de l’Ancienne Chapelle à la nouvelle église, côté droit et reconnaissable par son beau portail en pierre de taille, qui donne accès dans la cour où elle est construite. Cette maison qui appartient actuellement à Vincent Boulay dit « Marcille », vigneron et à Louis Neveu dit « La Vigne », aussi vigneron , provient de Monsieur Vivier de Boisray , propriétaire à Bourges. (34)
Dans la 8ème partie comprise entre le chemin de Graveron et celui dit du Pré de la Cave , il n’y a de remarquable que le Cimetière de Chavignol sis au lieu dit les Fernats , vis à vis l’Église. (35)
Dans la 9ème partie comprise entre le Chemin du Haut de Chavignolet et le Chemin du Graveron sont l’Église et le presbytère. Dans les pages précédentes, j’ai raconté comment et de quelle manière ces immeubles étaient devenu la propriété des habitants de Chavignol . Ils se composaient alors d’une belle maison d’habitation à un étage, ayant vue sur Sancerre. D’un jardin à la même exposition situé au devant de la maison, par derrière de ladite maison, d’une grande cour, grange longeant le chemin, vinée pressoir (pressoir à vin) et bâtiment de décharge de l’autre côté de cette cour, d’un morceau de vigne de quatre journées attenant à la propriété et du terrain de Fernats dont je viens de parler relativement au Cimetière. Monsieur Denis Triboudet de Mainbray, membre du conseil général du Cher, Maire de la commune de Sainte Gemme , demeurant à la Fontaine Odon, petit manoir dépendant de cette dernière commune, en était alors propriétaire. Il les tenait de son père Michel Henry Triboudet de Mainbray (dit « la Grande Oreille » qui y était décédé le 5 février 1851 à l’age de quatre vingt onze ans et qui avait fait construire les bâtiments vers le commencement de ce siècle.{Bonnin page : 485} Les armoiries des Triboudet de Mainbray sont : d’Azur au chevron d’or accompagné de 3 macles du même métal placées 2 et 1. (36)
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La maison d’habitation fut conservé, aucun changement n’y fut fait. Elle était en très bon état sous tous les rapports et le premier Curé de Chavignol Monsieur Joseph Lelot s’en contenta. Il eut été bien difficile s’il n’est pas agi de la sorte. (38)