Description de Sancerre de Léopold Bonnin : Hôpital de Sancerre (Hospice Civil) |
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La 1ère maison que l’on rencontre à gauche est l’Hôpital (Hospice Civil) de Sancerre tenu par quatre Sœurs de la Charité de Bourges. C’est un bâtiment à l’aspect repoussant, aux mûrs noirs, ayant quatre fenêtres au rez de chaussée presque au niveau de la rue, avec une porte entre la deuxième et la troisième et quatre autres fenêtres au 1erétage, garnies de forts barreaux de fer qui lui donnent assez l’apparence d’une prison. Ce premier corps de bâtiment, qui longe la rue, est l’édifice primitif, le surplus ayant été construite à une époque récente, de 1844 ou 1845 à 1860. (2)
En pénétrant par la porte que je viens d’indiquer, on entre dans un corridor plus bas que la rue de 40 à 50 centimètres sur la droite duquel est actuellement une pièce servant de pharmacie et ayant servi de chapelle avant la construction de celle actuelle, à gauche est la chambre de la supérieure. Au fond une salle de réception éclairée sur la cour par deux belles fenêtres. A droite de cette pièce une petite salle à manger communiquant avec les classes dont sera ci-après parlé et une grande cuisine éclairée par un châssis à sabotière ouvrant sur le toit. A gauche de cette salle de réception est le dortoir des sœurs qui communique à la chapelle située au fond de l’impasse longeant le bâtiment au sud-ouest. Un escalier partant du corridor conduit au 1er étage, dans lequel se trouvaient la salle des hommes d’où la vue s’étend sur les montagnes d’Assigny , Sainte Gemme . etc... et celle des femmes dont les fenêtres grillées donnèrent sur la Rue Saint Martin . Ces deux salles contiennent ensemble quinze lits. Au fond de la salle des hommes, est une porte communiquant dans une sorte de galetas froid et humide où se trouve un cabinet d’aisances pour les malades. Du corridor du bas descend un escalier qui conduit dans la cour sise derrière le bâtiment. Avant de pénétrer dans cette cour, on trouve sous une voûte et à droite une porte de chêne ayant un guichet de fer et une serrure énorme. Si vous jeter un regard à travers le guichet, vous voyez un affreux cabanon avec un peu de paille dans un coin, dans lequel sont séquestrés les aliénés en attendant leur transfèrement à l’asile départemental sans crainte de recevoir un démenti. J’avancerai qu’il n’existe nulle part un réduit plus horrible et plus capable de tuer à jamais la raison d’un être qui a encore un peu conscience de sa position. La commission administrative de l’établissement à la suite de nombreuses réclamations, vient de décider que des mesures seraient prises pour améliorer autant que possible le réduit repoussant. La cour est assez spacieuse. Elle est divisée en deux parties, l’une affectée aux petits enfants de la salle d’asile et l’autre aux enfants de la grande classe dont il va être parlé. Sur le côté droit de la cour est un bâtiment au rez de chaussée duquel est la salle d’asile tenue par une sœur et une gardienne. Au 1erétage se trouve une salle de classe pour les filles de 7 ans et au dessus. Sur le côté de la même cour est la chapelle construite en 1860 sur l’emplacement d’un petit jardin {Bonnin page : 291} acquis du Sieur Louis Félix Girardin , marchand épicier , Rue Saint André et bénite le sept septembre même année par monsieur Pény , curé Archiprêtre de Sancerre. Le dessous sert de place aux enfants et les abrite pendant leurs récréations contre les ardeurs du soleil en été, la pluie et la neige en hiver. La chapelle proprement dite se trouve donc au 1er étage. Elle est petite mais très bien décoré. Les malades assistent à la sainte messe dans une tribune établie en face l’autel et communiquant avec leurs salles. Le public y pénètre par un escalier qui prend naissance dans l’Impasse de l’Hôpital . (3)
Derrière la cour est le jardin, d’une contenance de 35 ares 60 centiares, lequel est vraiment magnifique. Il a sortie sur le Rempart des Augustins par une porte cochère et il s’étend en largeur derrière les maisons Chapuis , Bonnin et Balland qui seront ci-après décrites. (4)
L’Hôpital (Hospice Civil) de Sancerre n’est installé en cet endroit que depuis le mois de juin 1817. Auparavant deux sœurs de Charité rétribués par la municipalité et logées en ville soignaient les malades dans l’ancien Hôpital qui occupait l’emplacement d’une partie de l’Hôtel de Ville actuel, et distribuaient des secours à domicile. (5)
En 1816, Monsieur le Comte de Pons Sous-Préfet , Monsieur Edme Triboudet , maire et plusieurs autres personnes notables de la ville s’entendirent à l’effet de fonder à Sancerre un véritable Hôpital où les malades seraient reçus et soignés. Un devis s’élevant à la somme de dix mille francs et comprenant l’acquisition d’une maison, des meubles et du matériel indispensable fut préparé à cette intention. Saisi de cette question, le conseil municipal s’associa à l’idée générale des personnes ci-dessus indiquées et nomma une commission composée de Messieurs Danjou Président du tribunal , Macnab 1eradjoint, Clérault notaire et Mercier juge de paix , tous quatre conseillers municipaux, pour préparer les voies et moyens. Un rapport concluant à l’adoption du projet fut présenté le 10 novembre 1816 au conseil municipal qui décida, séance tenante, que les quatre milles francs à rembourser par l’État pour le prix de réquisitions faites à l’armée de la Loire et la partie des cent millions abandonnée par les personnes charitables de la ville seraient affectée que deux mille francs à prendre sur le produit de l’octroi, à l’acquisition d’une maison et à la dotation de l’établissement. (6)
Des démarches furent faites auprès du Gouvernement pour obtenir l’autorisation nécessaire et par une ordonnance royale du 7 mai 1817, le maire fut autorisé à acheter la maison de Monsieur et Madame Brazier habitée alors par un Sieur Robertet . C’est celle qui longe la Rue Saint Martin . (7)
Il restait à trouver des fonds pour faire face à la dépense. Le marie fit appel à la générosité des personnes notables de la ville et des environs. Son attente ne fut pas trompée. (8)
Son Altesse Royale le Duc du Berry fit don de mille francs, (9)
Le Maréchal Macdonald Duc de Tarente (Macdonald Duc de Tarente, Maréchal) de six cents francs, (10)
Le Comte Roy , propriétaire de la terre de Sancerre de trois mille cinq cents francs, (11)
Le Baron Hyde de Neuville , propriétaire du Château de l’Estang de quinze cents francs, (12)
Mademoiselle Rouilé Dubouchet de trois mille francs, (13)
Le Vicomte de Houdetot (Frédéric Christophe d’Houdetot), ex Préfet de Bruxelles, propriétaire de la terre de Thauvenay , de cinq cents francs, (14)
Monsieur Étienne Boin , juge de deux cents francs, (15)
Un mois après, la municipalité, avec ces ressources, avait pu mettre six lits à la disposition des malades, (16)
Par la suite de nouveaux dons furent faite à l’établissement : (17)
Madame Aglaé Elizabeth Jacqueline d’Oms , Veuve de Louis Jacques Drummond , Duc de Melfort, propriétaire du Château de Thauvenay instruite par les deux sœurs, étaient insuffisantes pour le service, y supplia par un don de douze mille francs pour la dotation d’une troisième sœur et l’établissement d’un septième lit, à la charge par l’Hospice (Hospice Civil) de recevoir sur la demande ou celle de ses successeurs les propriétaires du château de Thauvenay , un pauvre malade à leur choix. (18)
Monsieur Jean Baptiste Dhuicque , ancien négociant à Paris , originaire de Sancerre, légua à l’Hospice (Hospice Civil) une propriété située à Palaiseau proche Paris , d’une valeur de trente mille francs. (19)
Madame de Durbois , propriétaire du Château de Bannay , légua de son côté cinquante mille francs à la condition que deux malades indigents des communes de Couy et Sévry , pourraient être reçus dans l’établissement. (20)
Madame Boin , Madame Dalligny , Monsieur Danjou , Président du tribunal , Monsieur Brunet percepteur , Monsieur Jolivet vétérinaire , Monsieur et Madame Ligier Augendre , apportèrent aussi leur obole. (21)
La maison de l’Hôpital (Hospice Civil) fut don achetée par la ville, représentée pat Monsieur Edme Triboudet , son maire, suivant acte du 27 juin 1817 passé devant Maître Clérault notaire à Sancerre de Monsieur Pierre Valentin Brazier , propriétaire et de Marie Damaris Perrinet de la Tour sans épouse, demeurant à Paris , Rue Montmartre n°121. Elle provenait à Madame Brazier de la succession de ses père et mère Étienne Perrinet de la Tour et Suzanne Sophie Irène Devismes d’Aubigny (Aubigny sur Nère) et elle lui était échue par le partage intervenu entre elle et son frère Charles Frédéric Perrinet de la Tour , devant Maître Mellet , notaire à Palaiseau le 16 novembre 1815. Étienne Perrinet de la Tour la possédait comme héritier pour un quart de Marguerite Perrinet , sa mère, décédée Veuve de Pierre Paul Perrinet de la Tour et comme lui étant échue par partage du 1eravril 1787 passé devant Monsieur Vrain Girault , notaire à Saint Satur . Madame veuve Pierre Paul Perrinet de la Tour l’avait acquise de Monsieur Étienne Cyprien Renouard de Bussière par acte du 15 novembre 1764, passé devant Maître Gressin , notaire à Sancerre. (22)
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Elle appartient en 1681 à Pierre Gantois , ministre protestant et elle fut assignée par le Roi Louis XIV par lettre {Bonnin page : 293} patentes du 8 juillet 1686 aux Religieuses de la Miséricorde de Sancerre, pour y établir leur communauté sous la règle de Saint Augustin, pour l’instruction des jeunes filles notamment des nouvelles convertis. Elles s’y installèrent le 4 novembre suivant sous le pastorat de Messire Pierre Voille , curé de cette ville et sans la direction de Madame Anne de la Chevallereye dite Sœur Saint Charles, supérieure, laquelle y mourut et fut inhumée dans le chœur de la Chapelle, puis exhumée et transférée dans le cimetière du monastère de la Rue Basse des Remparts . Aucun document n’indique l’endroit où se trouvait cette chapelle, qui en raison de l’exiguïté du bâtiment devait être elle même fait restreinte. (26)
Le jardin de l’Hôpital (Hospice Civil) qui est une portion de l’ancien Champ de Saint Martin lequel dans le principe s’étendait de la Porte César au jardin des Augustins a été acquis par la commission administrative de cet établissement vers 1845 ou 1846 de Monsieur Michel Lazare Lamare , avoué à Sancerre, Rue Saint Denis qui l’avait lui même acquis vers 1835 ou 1836 de Madame Veuve Alexandre Raimbault dit « la Joie ». (27)
Avant de passer à la description d’un autre immeuble, je crois utile de donner ici mon appréciation sur l’établissement hospitalier que je viens de décrire. Je la donnerai en quelques lignes pour ne pas en dire de trop et pour en dire assez. Tant y est plus que mesquin, tant y est plus qu’insuffisant. Les ustensiles de première nécessité manquent et cependant les ressources ne manquent pas puisque les recettes annuelles du budget accusant un chiffre de sept à huit mille francs. Je ne sais à quoi attribuer une situation aussi déplorable. Cependant je serais assez porté à croire que les besoins du service hospitalier sont sacrifiés à ceux des écoles annexées à l’établissement, à qui le part est trop largement faite. (28)
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