L’Esplanade de la Porte César qui joute du levant le chemin descendant à Saint Romble , du midi le parc de Mademoiselle d’Uzès du couchant la même propriété et du nord le Rempart des Augustins , (2)
est établie depuis 1720 et elle était anciennement le commencement d’un chemin public qui de la Porte César tendait à la Porte Oison . (3)
Elle est plantée de trois rangs de tilleuls, qui ont succédé aux ormeaux plantés la même année par Messieurs Étienne Renouard de Bussière et Étienne Minot , Échevins . Elle se prolongeait alors jusqu’au 1ergros rocher que se trouve à droite dans les promenades. (4)
Elle est aujourd’hui le rendez-vous formé des rentiers et des flâneurs qui y jouissent d’un vue splendide laquelle n’est surpassée au dire des touristes, que par celle {Bonnin page : 349} de Saint Germain en Laye près Paris . (5)
A l’extrémité de l’esplanade se trouve une porte de fer communiquant avec le Parc du Château. Sur la route se trouvait encore il y a quelques années, une parcelle de terrain dépendant de l’esplanade et faisant croche* sur la propriété de Mademoiselle d’Uzès Cette dernière l’a acquise de la ville moyennant deux mille francs par acte reçu Maître Vaillant de Guélis, notaire à Sancerre le vingt février 1874. (6)
Des bancs placés sous les tilleuls reçoivent les promeneurs fatigués et sont les témoins muets des récriminations de toutes sortes que ceux-ci débitant à l’adresse de Monsieur Malfuson , adjoint qui a eu en 1871, la malencontreuse idée de clore l’esplanade du côté du talus bordant le Chemin de Saint Romble par une balustrade en bois d’un mètre vingt ou trente centimètres de hauteur, qui empêche complètement les personnes assises de pouvoir jouir du coup d’œil de la Loire et de ses bords enchanteurs. (7)
Avant 1866, l’Esplanade de la Porte César était close du côté du Rempart des Augustins , par un mûr d’une longueur de 12 à 15 mètres couvert de dalles, qui fut détruit cette même année par ordre de Monsieur Sifflet , maire. Ce fut à mon avis une grande maladresse, car alors cet emplacement était partout du même niveau et les promeneurs n’avaient pas à craindre d’être bousculés par les voitures venant de la ville et se dirigeant sur les Remparts. Le mûr en question n’était du reste pour la ville la source d’aucune dépense puisque, ainsi qu’au le verra ci-après, les travaux d’entretien étaient à la charge des propriétaires du château. (8)
Pendant longtemps, Monsieur le Comte Roy contesta le droit de la ville à la propriété de l’Esplanade de la Porte César . Les maires qui se succédèrent de 1789 à 1801 tinrent bon et conservèrent à la ville son plus bel ornement. (9)
En ladite année 1801, le Comte Roy voyant qu’il ne pouvait réussir dans son dessein, abandonna les prétentions antérieures et consentit à reconnaître le droit de la ville, à se charger à toujours de la réparation et de l’entretien des mûrs de cette place, ainsi que de l’entretien et du remplacement des arbres qui y étaient plantés, mais sous la condition qu’il pourrait toujours tailler ces arbres à la hauteur du niveau de son jardin, de manière à ce qu’ils ne puissent jamais nuire à la vue de sa propriété. (10)
Le conseil municipal ayant alors exprimé le désir que le Comte Roy fit en outre poser à ses dépens, six bancs en bois sur cette place, celui-ci adhéra à cette demande. (11)
Jusqu’en 1829, les conditions ci-dessus s’exécutèrent de bonne foi entre les parties, mais le 21 novembre de la même année, elle firent l’objet d’un acte reçu par Maître Clérault , père. Cet acte soulève quelques objections au conseil municipal en raison de la clause par laquelle le Comte Roy avait le droit de faire tailler les arbres de l’Esplanade, au niveau de son jardin. Il fut observé que si les tilleuls ne devaient pas déposer le sol du jardin, c’était décréter leur mort et prendre dès lors l’engagement de ne planter jamais d’arbres en cet endroit. Ces {Bonnin page : 350} observations furent transmises au Comte Roy qui les admit. Le maire et lui par un acte rectificatif passé le 20 décembre de la même année devant ledit Maître Clérault reconnurent que l’intention commune des parties avait été de consacrer en faveur du Comte Roy le droit de faire tailler les arbres plantés son ledit emplacement et de les tenir à la hauteur du niveau de la terrasse de son jardin. (12)
J’ai dans mes archives particulières la copie textuelle de ces deux actes. Je n’ai pas cru devoir les reproduite ici, n’étant attaché à en extraire minutieusement les principales dispositions. Je copierai seulement l’ordonnance royale qui les a certifiés. (13)
Ordonnance du Roi (14)
Charles (Charles X), par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, A tous ceux qui ces présentes verront, salut : (15)
Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d’État au Département de l’Intérieur, (16)
Notre Ministre d’État entendu, (17)
Nous avons ordonné et ordonnance ce qui suit : (18)
Art. 1erSont approuvées pour être exécutés selon leur forme et trouver les conventions arrêtées par actes authentiques des 21 novembre et 20 décembre 1829 entre notre très cher ami et féal le Comte Roy , Pair de France et le maire de la ville de Sancerre (Cher), desquelles il résulte que ledit Comte Roy fait abandon à la ville de tous ses droits à la propriété d’un emplacement de 21 ares 77 centiares dit la Place César et qu’il s’engage en autre à différents travaux d’entretien de cette même place à la condition qu’il lui sera libre de faire tailler les arbres à la hauteur des dalles qui recouvrent le parapet de la terrasse de son jardin. Le tout conformément à la délibération du conseil municipal du 25 mars dernier et acceptée le 27 avril suivant par ledit Comte Roy . Ladite transaction restera annexée à la présente ordonnance. (19)
Art. 2ème Notre Ministre Secrétaire d’État de l’Intérieur est chargé de l’exécution de la présente ordonnance. (20)
Donné en notre Château de Saint Cloud le neuf juin de l’an de grâce 1830 et de notre règne le 6. (21)
Signé : Charles (Charles X) (22)
Par le Roi, le Pair de France , Ministre Secrétaire d’État au Département de l’intérieur (23)
Signé : de Peyronnet (24)
Pour ampliation a pour le Conseiller d’État Secrétaire Général de Ministère de l’Intérieur absent et par autorisation de Sa Majesté (25)
Le Maître des Requêtes au Conseil d’État (26)
Signé Rosman (27)
Pour copie conforme. Le Secrétaire Général de la Préfecture du Cher (28)
Signé L. de Trélan (29)
Pour copie conforme. Le Sous-Préfet du 1erarrondissement du Cher (30)
Signé Alex Macnab (31)