Description de Sancerre de Léopold Bonnin : Le cimetière Écossais


Le cimetière Écossais ( Présent dans )(1)

Dans le jardin sont inhumés les Écossais dont les noms suivant : (2)

1) Jeanne de Mepherson ou Macpherson, décédée à Sancerre le 15 février 1766, (3)

2) Mélard Jhonn Nairne , comte de Naisne, Pair d’Écosse , (4)

3) Clémentino Naisne (Nairne), fille du précédent ( Car deux derniers sont décédés à Sancerre, mais leurs actes mortuaires n'existent pas dans les registres publics ) (5)

4) Thomas Nairne décédé à Sancerre le 3 avril 1777, (6)

5) Jacques Carnagay (Carnaguay de Boyae), Baron de Boyac, décédé en la même ville, le 4 septembre 1768, (7)

6) Guillaume Murray , aussi décédé à Sancerre le 15 mars 1771. (8)

Ce jardin qui appartenait primitivement au Comte Jhonn de Nairne était devenu à sa mort la propriété de son fils Henry Nairne et il servit comme on le voit de bien de sépulture à six écossais qui, était protestants, ne pouvaient pas alors être enterrés dans le cimetière de la paroisse. (9)

Lorsqu'il quitta la France vers 1807 ou 1808 pour retourner dans sa patrie, Lord Henry Nairne éprouve le plus vif regret, de laisser les restes de son père et son frère, de sa sœur et de ses compagnons d'exil sur une terre étrangère. Il avait été témoin des horreurs de la révolution et il avait été outré des sacrilèges et des profanateurs qu'il allait vu commettre. Il ressentait la plus pénible impression en pensant que ces sépultures qu'il allait laisser à Sancerre pouvaient être violées un jour et les cendres chéries qu'elle renfermaient jetées aux quatre vents du ciel. La née Suzanne Picard Veuve Denizot ( la tante et la marraine de ma mère et qui devint plus tard l'épouse en 2ème noces de mon aïeul paternel ) qui était depuis fort longtemps déjà sa femme de charge , le sollicitait vivement de lui faire, avant son départ, donation du petit jardin de la Loge, s'engageant à respecter les restes qui s'y trouvaient déposés, mais Lord Nairne n'avait plus de confiance aux Français et il lui répétait à chaque fois : « Confier à des Français les restes de mon père, de mon frère, de ma sœur, de mes amis, jamais ! Vous ne respectez rien vous autres, vous n'êtes que des mangeurs de cloches ! » (10)

Il faisait allusion au jour où il avait vu l'église de Sancerre souillée par les orgies révolutionnaires et les cloches jetées par les fenêtres du Clocher et brisées sur le pavé. Il préfère se confier à l'honneur écossais. Par son testament posté devant Maître Vrain Girault , notaire à Saint Satur les 5 frimaire an 4, 12 ventôse an 8 et 14 floréal an 10, il légua à Monsieur Alexandre Macnab fils de Monsieur Édouard Macnab , son compatriote et son ami, qui s'étant marié dans le pays et s'y était créé une bonne position, ne pensait plus retourner en Écosse , ce qu'il possédant alors, notamment le petie enclos de la loge, mais sous la condition expresse que cet enclos entrerait toujours la propriété d'un membre de la famille Macnab et que jamais aucune famille de nature à déranger les corps qui y étaient inhumés, ne pourrait y être faite. Par {Bonnin page : 123} le même testament, il léguait à ma grande tante, qui lui avait rendu de grands services ( n'ayant pas obtenu la survivance de la pension de son père, il s'était tourné maintes fois dans de cruels embarras d'argent tout elle l'avait tiré en luis laissant des gages où on lui prêtent les sommes dont il avait besoin ) tout son mobilier, son linge et différents autres objets au nombre desquels se trouvait son épée et son couteau de chasse. L'épée est aujourd'hui entre les mains de mon frère et je possède toujours le couteau de chasse. Il lui légua aussi un jardin de l'autre côté de la rue vis à vis la porte de la Loge. (11)

Depuis son départ jusqu'en 1872, on n'entendit plus parler de la famille de Nairne lorsque le 17 février de ladite année un certain gentleman nommé Andress Gillson agent d'affaires à Londres, 26, Vincent Square Westmister, m'écrivit pour me demander de lui faire parvenir les expéditions des actes de décès des sur nommés. Ma correspondance s'établit à ce sujet entre nous, dans laquelle je lui fis savoir mon degré de parenté avec Suzanne Picard , la femme de charge de Lord Nairne . Jugeant que je pourrais lui être de quelque utilisé dans l'affaire dont il s'occupait il arriva à Sancerre, un beau matin et m'explique dans un français très approximatif que la marquise de Lansdosvner femme du ministre de l'intérieur en Angleterre et fille aînée de Monsieur le Comte de Flahault , qui fut en France, sous Napoléon III , Grand Chancelier de la Légion d’Honneur , était par sa mère qui était écossaise, la représentante la plus directe de la famille de Nairne , que cette dame était au procès devant la chambre des pairs d'Angleterre pour se faire reconnaître l'unique héritière du titre de pair dont jouissait son bisaïeul ou son trisaïeul lord Jhonn Nairne , Comte de Naisne, pair d’Écosse , décédé à Sancerre. C'est pourquoi il désirait relever tous les actes au Lord Nairne portait cette dernière qualification et voir si sur sa tombe il ne trouverait pas quelque inscription à ce sujet. (12)

Nous nous rendîmes ensemble au jardin de la loge et nous pûmes constater qu'une pierre tumulaire n'y existait. Le sieur Gillison (Gillson), après réflexion, me dit que quelque fois dans son pays, on fixait sur le cercueil lui même une plaque de cuivre ou de tout autre métal sur laquelle étaient gravés les noms, prénoms, titres et qualités du défunt, qu'il se pourrait faire que pareille chose eut existé là et qu'en conséquence il désirait faire pratiquer des fouilles à cet effet. Ce désir était en contradiction formelle avec le testament de Lord Nairne , mais comme celui qui le manifestait était le le représentant de la famille, il ne restait plus qu'à demander le consentement de Monsieur Léonard Macnab , petit fils du précédant et propriétaire du jardin qui demeurait alors à Vierzon . Ce consentement ayant été donné, les fouilles furent faites le 15 juillet 1872 en ma présence et en celles de Monsieur Gillson et du Sieur Louis Roblin garde champêtre , chargé du service de police en l'absence du commissaire. (13)

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Cette opération qui fut faite par les sieurs Jean Baptiste Vincent Habert , cabaretier , Place de la Paneterie , actuellement Rue de la Porte César , Auguste Péloille , sabotier , Rue du Saint Père , et Eugène Paillard dit le « Prince ou Lamboret », vigneron , Place de l'Orme de Saint Père et {Bonnin page : 124} actuellement Rue de la Porte Vieille , ne répondit pas à l'attente de Monsieur Gillson . Aucune plaque ne fut découverte et les fosses furent refermées. On trouvera ci-contre le plan de l'enclos de la Loge et l'emplacement des fosses. (15)