La porte de la vigne de Monsieur De Bardonnet sise au fond de la Place étant souvent ouverte, profitons en pour procéder à l’inspection des lieux, sur la droite se trouvent cette vigne et le réservoir où viennent séjourner les eaux provenant des égouts de la ville et dont j’ai parlé plus haut. Sur la gauche s’élève le mur de ville sur une hauteur de cinq à six mètres. Au pied de ce mur est l’ancien fosse des fortifications qui peut avoir maintenant 4 mètres de largeur et un mètre à un mètre cinquante centimètres de profondeur. Le fond est garni de débris de toutes sortes et d’arbustes de la plus belle venue : les fleurs sauvages y croissant en abondance ainsi que des plantes officinales et aromatiques très recherchées, notamment la fenouil de Florence, la sauge, etc.. (2)
Les murailles de la ville se prolongent jusqu’à la Porte Oison , mais le fossé n’a guère actuellement qu’une quarantaine de mètres de longueur à partir de la Place Manette . Ce fossé se déverse à son tour dans le fameux ravelin de la Porte Vieille , dont il est tant question dans l’histoire du Siège de 1573 et qui n’est désigné aujourd’hui que sous le nom de la Roguée de Thou . Le Rouché est effrayant à voir à son entrée, les eaux par les grandes pluies et principalement dans les forts orages font un saut de plus de quarante pieds, entraînant avec elles des quartiers de rochers, des terres et tout ce qu’elles ont rencontré sur leur parcours et franchissant tous les obstacles arrivent furieuses jusque dans le 1erétang après avoir emporté le chemin qui sépare cet étang des Vignes de Thou . La ville dépense annuellement des sommes importantes pour canaliser le sentier desservant le vignoble du Thou et qui traverse la Roguée à mi côte. Malgré cela, il est seulement emporté et caréné à une grande profondeur. (3)
Sur le côté droit du fossé de ville se trouvait anciennement un chemin de six pieds {Bonnin page : 422} de largeur de la Porte Vieille à la Porte Oison . Ce chemin qui était appelé le Chemin de ronde servait aux militaires qui faisaient patrouille en dehors des fortifications et existait encore en 1806 sur tout son parcours. Cette année le Sieur né Chanforan , propriétaire de vignes, situés au dessous de la maison de « Bellevue », empiéta sur ce chemin. Le Sieur Simon Larochère propriétaire de cette maison signale le fait au conseil municipal qui, par une délibération du 13 mars même année, décida que des poursuites seraient exercées contre le Sieur Chanforan pour obtenir la restitution du terrain anticipé et le barrage du chemin qui devait être tenu à la largeur de six pieds qu’il avait antérieurement, comme la majeure partie des affaires de ce genre. Celle-ci n’eut aucune suite. L’impunité accordée à Chanforan encouragea les autres riverains qui à l’émoi s’emparèrent à leur tour des parties du chemin se trouvant au devant de leurs propriétés et supprimèrent de cette façon complètement le Chemin de ronde qui serait pourtant d’une grande utilité pour les personnes se rendant de Saint Ladre à la Porte Oison et à Saint Romble. (4)