La Place de la Halle située jusqu’à l’extrémité de la ville, au nord-est un vaste parallélogramme au centre duquel se trouve la Halle au blé, qui lui a donné son nom et auquel aboutissent au nord la Rue de la Porte César , à l’est les Rues de la Tour et des Vieilles Boucheries au midi celles des Trois Piliers et de Saint Jean et au nord ouest celles des Juifs et de l’Égout . (2)
Avant la construction de la Halle qui date comme on le verra plus loin, de 1456, la place en question était la plus belle de la ville. Ses vastes dimensions, sa salubrité, son voisinage de la Rue des Juifs , qui était alors bien plus commerçante que de nos jours, avaient attiré là une partie de la bourgeoisie. (3)
(4)
Tout près de l’emplacement de ce puits, fut planté après le 24 février 1848, un Arbre de la liberté . C’était un jeune tilleul de la plus belle venue, qui fut entouré d’une palissade en planches et arraché après le coup d’état du 2 décembre 1851. (5)
Le 2 avril 1848, à 4 heures du soir, un Arbre de la liberté y fut aussi planté au milieu d’un grand concours de population. C’était un chêne qui se trouvait à peu près au centre de cet emplacement, dans l’axe de la Rue des Juifs . Il fut également abattu après le coup d’état de 1851. (6)
Il y a une cinquante d’années on y voyait encore, en face la grande porte de la halle, un pierre sur laquelle le tambour afficheur faisait les annonces. C’était le piédestal d’une croix plantée en cet endroit le 8 juin 1716 par quatre frères capucins de Bourges envoyés en mission à Sancerre par Monseigneur l’Archevêque . (7)
Pour décrite d’une manière suffisamment claire la Place de la Halle , et me semble convenable de la diviser en six parties, savoir : (8)
La 1ère comprenant les maisons situées entre la Rue de la Porte César et la Rue des Vieilles Boucheries . (9)
La 2ème les maisons comprises entre la Rue de Vieilles Boucheries et celle de la Tour . (10)
La 3ème les trois maisons comprises entre la Rue de la Tour et la maison Née , pharmacien , qui est la première de la Rue des Trois Piliers , à gauche. (11)
La 4ème les maisons situées entre la Rue des Trois Piliers et la Rue Saint Jean , (12)
La 5ème les deux maisons situées entre celle de la fille Raimbault , droite à la Rue Saint Jean et la Rue des Juifs . (13)
Enfin celles situées entre la Rue des Juifs et la Rue de l’Égout . (14)
La 1ère partie comprend deux maisons qui en fermaient trois antérieurement à 1860. (15)
Celle qui fait le coin de la Rue Porte César et de la Place de la Halle est occupée aujourd’hui au rez de chaussée par le Sieur Aphrodis Constantin Bachelier , marchand de tissus et la Dame Augustine Mativet , son épouse. Au 1erétage par Mademoiselle Descaves Institutrice libre. Monsieur et Madame Bachelier ont succédé, comme locataires, à Monsieur Guet Girault dont sera ci-après parlé qui avait lui même succédé à son beau père Monsieur Jean Baptiste Girault . Mademoiselle Descaves eut pour prédécesseurs Monsieur Ciechauski , Monsieur Rongiéras et Monsieur Boulé tous trois avoués . (16)
Cette maison se compose au rez de chaussée d’un vaste magasin qui devait être autrefois le grand salon de la maison, d’une chambre à côté ayant vue sur la place, d’une autre chambre derrière le magasin, ayant vue sur la cour, et d’une cuisine à côté. Différentes belles pièces au 1erétage auxquelles on arrive par un escalier placé dans une tourelle situé Rue de la Porte César . {Bonnin page : 323} Entre cette tourelle et l’encoignure du bâtiment, en tirant sur la Place de la Halle est l’entrée d’une forte belle cave qui existe sous le bâtiment. De l’autre côté de la tourelle, c’est à dire en allant vers le Porte César est une petite construction n’ayant qu’un rez de chaussée, humide, malsaine, pour ainsi dire inhabitable, dans laquelle Messieurs Boulé , Rougiéras (Rongiéras) et Ciechauski sus nommés avaient leur étude et qui est occupé aujourd’hui par un atelier de menuiserie . (17)
Une porte cochère située à la suite de cette construction donne accès dans une cour se trouvant derrière le bâtiment principal et dans laquelle sont encore construites quelques aisances. Cette maison appartenait en 1573 à Blaise Gévry , Président du grenier au de Sancerre (président au grenier à sel) et l’un des catholiques les plus influents et les plus considérés de la ville à cette époque. Ce fut dans cette maison que descendit La Châtre après la reddition de la ville et c’est là que se rendait Johanneau lorsqu’il fut assassiné. En 1620, elle appartenait à Étienne Gévry , bourgeois de Sancerre qui l’échangea en 1658 à Pierre Colleau , notaire royal contre une maison située proche de là, sur la même place, appartenant aujourd’hui aux mineurs Salmon dit « Choisette ». Sous la révolution, vers 1793 ou 1795, elle appartenait à Madame Marie Anne Pascaud , Veuve en 1ère noce de Pierre Desvignes et en 2ème de Denis Cassard vérificateur (vérificateur des domaines) de la régie des domaines nationaux, qui la laissa par succession à sa fille Anne Clotilde Françoise Desvignes , Veuve de Jean Avette , percepteur des contributions directes et chevalier de la Légion d’Honneur . Celle-ci la revendit vers 1838 à Monsieur Jean Gay Lugny , propriétaire et à Madame Laure Clérault , son épouse, qui la revendirent eux mêmes en 1852 ou 1853 à Monsieur Jean Michel Guet , marchand de tissus et à Madame Louise Alexandrine Girault , son épouse, propriétaires actuels, qui habitaient alors le rez de chaussée de la maison à titre de locataires. (18)
La seconde maison qui joute au levant celle de Madame Veuve Étienne Naudet , qui est la 1ère à gauche en entrant dans la Rue des Vieilles Boucheries , formait deux maisons entièrement distinctes antérieurement à 1860. Le tout est occupé aujourd’hui par le Sieur Philippe Julien Bourdin , tisserand , marchand de porteries et cabaretier . L’enseigne de ce cabaret est « Au bon Pasteur ». La portion la plus rapprochée de la maison Guet Girault qui vient d’être décrite, appartenant en 1820 à Michel Raimbault , marchand peaussier à Sancerre, en 1829 à François Raimbault Martin , propriétaire à Corbeil (Seine et Oise), en 1834 à Jean Rotillon , marchand épicier , Rue de la Porte Vieille , en 1856 à Jean Pierre Moreau , colporteur à Sancerre qui la vendit vers 1868 à Madame Étienne Naudet , huissier . L’autre portion, qui joute une ruelle séparation d’avec la maison de Madame Veuve Étienne Naudet dont il a déjà été parlé, appartenant en 1820 à la Veuve Joseph Raimbault , en 1832 à François Auchère , propriétaire à Ménetou Salon , en 1834 à François Duguay , menuisier à Sancerre, dont les héritiers l’ont vendue vers 1860 au même {Bonnin page : 324} Étienne Naudet , huissier . En 1703, le tout appartenait à Suzanne Minard et à ses frères et sœurs, qui l’avaient recueilli dans la succession de Charles Minard leur père qui la tenait lui même de Charles Butet . Les deux portions sont devenu aujourd’hui la propriété de Madame Césarine Raimbault Veuve dudit Étienne Naudet et de Monsieur Jules Naudet , son fils. Elles sont édifiées sur l’emplacement de l’ancienne Poudrerie de la ville construite vers le temps du 1ersiège par le Comte de Sancerre et le terrain sur lequel fut élevé cette construction dépendait du Château de Sancerre. La ruelle dont j’ai parlé plus haut a encore sa sortie sur les dépendances du château actuel. (19)
La deuxième partie située entre la Rue des Vieilles Boucheries et la Rue de la Tour comprend quatre maisons. (20)
La 1ère qui fait le coin de la Rue des Vieilles Boucheries et de la Place de la Halle est actuellement occupée par Madame Amélie Naudet Veuve de Adolphe Robert , marchand de lingerie et d’horlogerie . Elle appartient à Monsieur Philippe Marie Guiochain , huissier , Rue du Méridien , comme acquéreur en 1876 de Madame Veuve Robert sus nommée. (21)
La 2ème maison est occupée par Monsieur Émile Naudet , corroyeur et Madame Veuve Jules Naudet née Habert , sa mère. Elle appartient à Messieurs Émile et Paul Naudet fils et seuls héritiers du Sieur Jules Naudet , sus nommé. (22)
La 3ème occupée par Monsieur Théophile Habert , marchand de biens , horloger et empailleur d’animaux rares, lui appartient comme héritier de sa mère Suzanne Naudet , décédée épouse de Gabriel Habert . Entre les deux maisons qui précèdent se trouve un couloir commun qui va sortir dans la Rue des Vieilles Boucheries . Ces deux maisons se prolongent aussi jusques dans cette rue. (23)
Les trois immeubles ci-dessus décrits appartenaient à Madame Amélie Naudet , à Monsieur Jules Naudet et à Madame Suzanne Naudet , frère et sœurs, comme les ayant recueillis dans la succession de leur père Étienne Naudet Raimbault qui les tenait lui même de Michel Raimbault , son père, marchand peaussier . (24)
La 4ème maison, qui se prolonge au midi jusqu’à la Rue de la Tour est connue sous le nom d’« Hôtel de l’Écu ». C’est un grand bâtiment à deux étages situé en face le flan est de la Halle , couvert en ardoise et comprenant au rez de chaussée et sur la place la cuisine et une salle à manger assez spacieuse et sur la cour, par derrière, dont il sera parlé ci après une autre salle assez belle, chauffée par un calorifère commun avec la première. Au 1erétage et au second sont les chambres d’habitation des maîtres d’hôtel, le Sieur Jules Roy et la Dame Marie Bourgeois , son épouse, ainsi que les pièces réservées aux voyageurs. De la cuisine dont j’ai parlé en commençant, part un couloir conduisant à la Rue de Vieilles Boucheries Sur le côté gauche de ce couloir est un petit bâtiment dans lequel se trouvent le fournil où le Sieur Roy fabrique et cuit sa pâtisserie, ainsi qu’une pièce servant de lingerie. En face, ce petit bâtiment et derrière l’hôtel est une cour qui reçoit les voitures des voyageurs et qui a sortie par une porte cochère par la Rue de la Tour . {Bonnin page : 325} Des lieux d’aisances sont établis près de cette porte. Au dessus de cette cour, ou plutôt entre cette cour et la Rue des Vieilles Boucheries se trouve un autre bâtiment dont le rez de chaussée est une vaste écurie ayant aussi sortie sur la Rue de la Tour et le premier étage une belle salle qui est ouverte aux consommateurs les jours de foires ou de fêtes du comice agricole et qui sert aussi pour les bals de société qui ont quelquefois lieu le lundi gras. Le coin sud du bâtiment principal est occupé au rez de chaussée par la née Marie Poirier Veuve Penet , épicière et le premier étape par Madame Veuve Pierre Habert ci-après nommée propriétaire de l’immeuble. L’« Hôtel de l’Écu » qui peut recevoir à l’ordinaire quinze à dix huit voyageurs et qui était encore il y a quelques années le rendez-vous des rentiers amateurs de bon vin blanc, appartient à Madame Henriette Leguay Veuve de Pierre Habert et à ses enfants Abraham Habert , Anaïs Habert épouse d’Eugène Lauverjat et les enfants mineurs de feu Amédée Habert , tous demeurant à Sancerre et Camille Habert , horloger à Vierzon Ville . Il provenait à Monsieur Pierre Habert de la succession d’André Habert , son père. L’origine de propriété de cette maison ne m’est pas connue antérieurement à Monsieur André Habert . Je sais seulement que l’« Auberge de l’Écu » était tenue la 16 juin 1618 par Jehan Guillerault et le 2 février 1668 par le Sieur Samuel Perrichon . J’ignore si c’est à titre de locataires ou de propriétaires. On la désignait alors sous le nom de l’« Écu de France » et auparavant sous le nom d’« Auberge de la Fleur de Lys ». (25)
La 3ème partie comprise entre la Rue de la Tour et la maison Née pharmacien qui est décrite à la Rue des Trois Piliers , compte trois immeubles. (26)
La première maison qui fait le coin de la Rue de la Tour et de la partie sud de la Place de la Halle , a déjà été mentionnée à l’article de ladite Rue de la Tour sur laquelle elle a son entrée. Elle appartient à Madame Mélanie Delante , épouse de Monsieur Eugène Léveillé , de Mortagne (Orne). (27)
La 2ème qui remonte à la fin du 15ème ou au commencement du 16ème siècle et dont la façade fait face à la Rue des Juifs , appartient à Monsieur Jean Baptiste Crespin Delaunay , ancien mercier qui l’habite. Le sol du rez de chaussée de cette maison qui est actuellement inhabité est élevé de plus d’un mètre au dessus de la voie publique et repose sur la voûte d’une cave dépendant de la maison précédente. Le 1erétage occupé par Monsieur Delaunay , est éclairé par une belle et grande fenêtre sculptée. Les pièces d’habitation sont très spacieuses et dans l’une d’elles, qui sert actuellement de cuisine, il existe une cheminée semblable à celle décrite à l’article de la maison Pouvesle , Place de la Paneterie , mais mieux conservée que cette dernière. En la voyant on se demande comment une masse pareille peut être ainsi équilibrée et comment elle n’entraîne pas avec elle le mûr après lequel elle est appuyée. L’écusson de la cheminée de la maison Pouvesle est placé au centre du manteau. Dans celle-ci au contraire l’écusson est au dessus. Aucun signe héraldique n’y est indiqué et tout porte à croire que les armoiries auront été effacées en 1793, comme cela a eu lieu malheureusement ailleurs, ou bien que {Bonnin page : 326} le fond de l’écusson était d’Argent, c’est à dire blanc. Deux ceps de vigne le surmontent et une courroie rattachée à chacun des angles supérieurs, lui donne assez l’air d’une carnassière. Monsieur Delaunay acquit cette maison en 1872 des héritiers de Monsieur Abel Regnault , ancien pharmacien , qui l’avait recueillie vers 1837, en 1838 dans la succession de sa mère Louise Élisabeth Lepiot , épouse de Symphorien Regnault , officier de santé . Cette dernière la tenait de sa mère Madame Suzanne Meunier , Veuve de Guillaume Lepiot , apothicaire . Elle fut habitée par ce dernier, par Monsieur Abel Regnault par Monsieur Jacques Firmain Merlier , horloger , puis par le Sieur Édouard Robert , aussi horloger . Ces deux derniers a titre de locataires. Vers 1850, la née Juliette Merlier , fille du précédent alors âgée de sept ans et actuellement épouse de Monsieur Ernest Habert , cafetier , tomba de la grande fenêtre du 1er étage sur la place. Elle se fit seulement une blessure insignifiante à la tête et se cassa une dent. Custet (28)
La 3ème maison qui, dans le principe, devait faire partir de la précédente, est occupée aujourd’hui par Monsieur Armand Mathiot , quincaillier et Madame Céline Laurence Delaunay , son épouse, qui en sont propriétaires. C’est un long boyau communiquant à une cour derrière la maison et ayant sortie sur la Rue des Vieilles Boucheries , entre le magasin de Monsieur Alphonse Bonnet et le pressoir (pressoir à vin) de Monsieur Autenor Habert . Monsieur et Madame Mathiot y tiennent là depuis 1866 ou 1867 le magasin de quincaillerie le mieux assorti de la ville. En remontant de cette époque, jusqu’au commencement du siècle on trouve cette maison constamment occupée par des boulangers : les Sieurs Julien Boyron , François Vincent Boyron Autissier , Bonnet Numa , Lotart et Douvet . Elle provient aux époux Mathiot d’acquisition faite de Monsieur Victoir Frelat , rentier , Rue du Puits de Dieu , qui l’avait acquise en 1862 de Charles Brinon , boucher , qui la tenait lui même des héritiers de François Vincent Boyron . Antérieurement à celui-ci, elle avait appartenu au Sieur Henry Fournier et enfin Guillaume Lepiot , apothicaire , ancien propriétaire de la maison précédente. (29)
On compte cinq maisons dans la 4ème partie, comprise entre la Rue des Trois Piliers et la Rue Saint Jean et qui fait face à l’entrée principale de la Halle . (30)
La 1ère faisant le coin de ladite Rue des Trois Piliers , appartient à Monsieur Jean Baptiste Crespin Delaunay , ancien cordonnier , ancien mercier et actuellement rentier , dont il a déjà été parlé à plusieurs reprises et elle est habitée par son petit fils et successeur le Sieur Lucien Guiochain Mille . Cette maison fut acquise vers 1845 ou 1846 par Monsieur Delaunay du Sieur Joseph Marie Custet , ancien marchand de draps et reconstruite la même année dans l’état où elle est actuellement. Une belle boutique au rez de chaussée communique avec une chambre d’habitation située par derrière et ayant sortie par la Rue des Trois Piliers . Deux étages surmontent la boutique et entre les deux fenêtres du 1erétage se trouve un tableau d’un mètre à un mètre vingt centimètres de hauteur représentant un individu portant guêtres jaunes, pantalon bleu et blouse de même couleur, coiffé d’une casquette et partant derrière son dos un sac assez semblable à un sac de soldat. Au dessous est l’enseigne de la maison « Au petit Calporteur »{Bonnin page : 327}. De 1836 à 1848, cette maison fut occupée par les Sieurs Thuillier et Rigaud , marchands de draps locataires. (31)
La deuxième appartient au Sieur Alexis Spault , peintre en bâtiments, qui l’habite. Elle lui provient de succession de ses père et mère Pierre Spault , aussi peintre et Thérèze Thuillier , sa femme. Elle avait été recueillie par celle-ci en héritage de Germain Thuillier , bourrelier et de Louise Augendre , ses père et mère. Cette maison est peu convenable en raison de son exiguïté. (32)
Celle qui suit dépendait originairement de la maison Spault et appartenait aux époux Germain Thuillier sus nommés. Elle est aujourd’hui la propriété de Madame Philippine dite « Joséphine » Boitard , épouse de Monsieur Lucien Duchange , lieutenant au 29ème régiment de ligne au camp d’Avord , qui l’a recueillie en 1875 dans la succession de Joseph Boitard , son père, bourrelier , décédé dans cette maison, acquéreur des époux Germain Thuillier . Une devanture (magasin de lingerie) s’y construit actuellement et d’ici peu elle sera habitée par le Sieur François Étienne Forest , marchand de lingerie . (33)
Entre cette maison et celle qui va suivre se trouve l’entrée d’une très grande cour qui était primitivement un tronçon de la Rue Johanneau (voir la Rue des Trois Piliers , maison de la « Comète »). Cette cour est commune entre le Sieur Spault , la dame Duchange , le Sieur Habert Bernon , propriétaire de l’« Auberge de la Comète », le Sieur Vincent Guyot , propriétaire de celle des Trois Piliers, le Sieur Auguste Imbert , cordonnier , Rue Saint Jean , les héritiers de Guillaume Leguay et le Sieur Jacques Boisbeau ci-après nommé. L’entrée de ladite cour se trouve couverte par les chambres de ce dernier. (34)
A la suite est la 4ème maison appartenant au Sieur Jacques Boisbeau dit « Miracle », marchand sabotier . Elle est très ancienne. Une tourelle se trouvant dans la cour dont je viens de parler contient un escalier en pierre conduisant au 1erétage et au grenier. La porte de la cave située au pied de la tourelle est sculptée et remonte au 14ème siècle. Le Sieur Boisbeau s’en était rendu acquéreur avec sa défunte épouse Marie Rose Boulay , en 1865 ou 1866 mais l’acte n’a été réalisé qu’il y a quelques années. Ses vendeurs étaient Louis Migeon , sabotier et Elizabeth Lacour , son épouse, qui l’avaient eux mêmes acquise en 1849 ou 1850 de François Pignolet , chapelier . Celui-ci l’avait achetée vers 1836 de Jacques Michau , huissier . (35)
La 5ème maison, qui fait le coin de la Rue Saint Jean et qui se trouve avoir une petite pièce ouvrant sur cette rue, est habitée actuellement par le Sieur Eugène Tixier , marchand chapelier et la Dame Césarine Déron , son épouse, qui en sont propriétaires. Avant eux, elle était habitée par leurs père et mère Étienne Déron et Claudine Nebout , aussi marchands chapeliers , qui étaient seulement locataires de l’immeuble. L’enseigne de ceux-ci était : « A la mère de famille », par allusion à la mère Déron , qui élevait alors neuf enfants. Les Sieur et Dame Tixier s’en sont rendu acquéreurs en 1871 de Pierre Bonnin et d’Armantine Musard , cabaretier , Place Saint Martin , qui l’avaient acquise en 1865 de Jean Raimbault , ferblantier {Bonnin page : 328} lequel la tenait aussi par acquisition faite à la barre du Tribunal de Sancerre et moyennant 6859 francs d’Alexandre Salmon , marchand tanneur , demeurant à Sully sur Loire (Loiret) et auparavant à Sury Près Léré . Avant la révolution, cette maison payait à la Fabrique de l’Église de Sancerre une rente de cinq sols. (36)
La 5ème partie comprend seulement deux maisons entre celle de Mademoiselle Raimbault , Rue Saint Jean et la Rue des Juifs . (37)
La plus rapprochée de la Rue Saint Jean est actuellement occupée au rez de chaussée par le Sieur Louis Cadier Brisset , épicier et au 1erétage par Madame Célestine Raimbault Veuve de François Raimbault , propriétaire actuelle de l’immeuble. Elle provenait à ce dernier de Louis Raimbault , mercier , son père. Elle a sortie par une cour très étroite sur la Rue Fangeuse . (38)
La maison qui fait le coin de la Rue des Juifs et qui se trouve à gauche en faisant face au couchant, est composée d’un rez de chaussée et de deux étages. Le 1erétage communique avec un balcon régnant sur toute la façade, du côté de la Place de la Halle . Elle appartient au Sieur Moreau Pain , cafetier et fabricant de chapeaux . Le rez de chaussée contient une salle de café assez spacieuse, au 1er étage sont les magasins de vente pour la chapellerie (Magasin de chapeaux) et au 2ème l’habitation du propriétaire. Elle lui provient d’acquisition faite vers 1872 ou 1873 de François Rotillon , ancien fondé de pouvoirs à la recette des finances de Cosne (Cosne sur Loire), ancien huissier à Léré , ancien banquier , ancien cafetier à Limoges et à Sancerre, ancien fermier des places de cette dernière ville, et des carrières de l’Orme au Loup , actuellement rentier . Le Sieur Rotillon l’avait lui même acquise en 1864 de François Lejay , père, qui la tenait par succession depuis 1830 de Louis Lejay , son père. De 1830 à 1864, elle fut habitée par les Sieurs Alphonse Bonnet marchand épicier et Ernest Déron , son successeur. (39)
La 6ème et dernière partie comprise entre la Rue des Juifs et la Rue de l’Égout compte huit maisons, savoir : (40)
La 1ère qui fait le coin de la Rue des Juifs est occupée par le magasin d’épicerie du Sieur Edmond Bongrand . C’est le plus important de toute la ville et des environs. Ce magasin est situé au rez de chaussée. Des chambres d’habitation par derrière et au 1erétage sont desservies par un escalier en pierre établi dans une tourelle qui est édifié sur le sol même de la Rue des Juifs . J’ai donné à l’article de cette dernière rue la raison pour laquelle cette tourelle n’a pas disparu ou subi un reculement indispensables lors de la reconstruction de la maison en 1846 ou 1847, reculement qui ont été prescrit à tout autre qu’à Monsieur Bongrand , propriétaire actuel. Une grande cave existe sous la maison a aussi son entrée dans la Rue des Juifs , un peu au dessous de la tourelle. Cette maison devait au moment de la révolution une rente de trois livres tournois à la Fabrique de l’Église de Sancerre , en vertu d’un acte d’arrentement consenti par François Bongrand , devant Maître Gressin , notaire à Sancerre le 2 janvier 1772. Elle appartient actuellement à Monsieur Pierre Louis Bongrand , ancien épicier et actuellement rentier à Saint Ladre , qui l’a habitée pendant plus de vingt cinq ans et elle lui provient de Louis Bongrand , son père, marchand de toile et épicier . {Bonnin page : 329} (41)
La 2ème est une grande et belle maison à un étage, avec mûr de façade en pierre de taille, appartenant aux enfants mineurs de feu François Gressin , cafetier et à Élisabeth Girault , sa veuve. Le rez de chaussée contient une salle de café très vaste mais un peu basse de plafond et plusieurs pièces par derrière s’étendant jusqu’à la cour qui se trouve à la suite du bâtiment et qui a sortie dans la Rue Fangeuse , entre les maisons Bourra et Cherrier . Au 1erétage est installé le cercle littéraire de Sancerre qui sert de lieu de réunion à l’élite de la société sancerroise. Cet établissement qui depuis 1860 ou 1862 porte le nom de « Café du Commerce », portait antérieurement le nom de « Café National ». (42)
Les époux Gressin Girault acquirent cet immeuble vers 1860 de Madame Veuve Lornière née Métivier , sus nommée, laquelle la tenait des héritiers du Sieur Élie Boursignon , cafetier , qui était officier municipal en 1794. De 1852 ou 1853 jusqu’en 1860 cet établissement fut tenu par le Sieur Hippolyte Barbaron , locataire de Madame Yvonne Lornière . (43)
La maison suivante qui forme deux boutiques au rez de chaussée, séparées par un couloir conduisant à la cour commune, appartient aussi à la veuve et aux héritiers Gressin . La boutique (magasins de tissus) la plus rapprochée du « Café Gressin » est occupée par la Veuve Gangné , marchande de tissus et l’autre par le Sieur Édouard Duriez , peintre en bâtiments. Le 1er étage est occupé par ce dernier et la Veuve Jacquin née Métivet . Cette maison qui fait face à la porte ouest de la Halle s’étend jusqu’à la Rue Fangeuse où elle a sortie. Au rez de chaussée, sous cette dernière, rue se trouve la fabrique de chapeaux du Sieur Victor Moreau Pain (voir l’article de ladite Rue Fangeuse ) et au 1er étage l’atelier et le magasin du Sieur Duriez sus nommé. Une tourelle se trouvant immédiatement au dessus et au couloir ouvrant sur la Place de la Halle . Cet immeuble qui est beaucoup à souffrir de l’incendie dont il va être parlé à l’occasion de la maison Meynial ci-après, provient aux époux Gressin de Basile Desmarquais Métivier , bourrelier , qui la tenait de son père Basile Desmarquais Fournier , aussi bourrelier et marchand d’étoffes (marchand d'étoffes). Ce dernier qui y occupait de son temps une quinzaine d’ouvriers, l’avait recueillie dans les successions de ces père et mère Louis Laurian Desmarquais , bourrelier (qui fut adjoint au maire de Sancerre du 9 mai 1800 au 25 décembre 1807) et de Marie Anne Loison , son épouse, et elle provenait à cette dernière d’Esme Loison , bourrelier et de Marie Anne Louise Bordier , ses père et mère. (44)
La 4ème maison est celle occupée par Monsieur Antoine Meynial Gibert , marchand de tissus en gros. C’est le magasin (magasins de tissus) le plus important de la ville au point de vue du chiffre des affaires qui dépasse annuellement un million de francs. Tout le rez de chaussée qui est très profond, les caves au dessous, les greniers regorgent de marchandises. Le 1erétage, au centre duquel se trouve un beau balcon, sert à l’habitation de Monsieur Meynial , de sa famille et de son nombreux personnel. Derrière ce corps de bâtiments est une cour, qui se sépare d’une grande et belle maison ayant deux étages et mansardes au dessus, aux façades sur la Rue Fangeuse {Bonnin page : 331} habitée par Monsieur Pascaud , juge d’instruction (voir à la Rue Fangeuse ). Cette dernière maison avait été construite en 1866 par Monsieur Guillaume Meynial , frère et ancien associé de Monsieur Antoine Meynial , pour s’y retirer après avoir cédé à ce dernier sa part dans la fond de commerce qu’ils exploitaient en commun. Un pont lancé au dessus de la cour mit les deux maisons en communication facile, mais Monsieur Guillaume Meynial ayant été obligé pour des raisons de santé de quitter Sancerre, le passage sur ce pont fut supprimé par le fait de la location de la maison de la Rue Fangeuse à Monsieur Pascaud . Il y a une vingtaine d’années la grande maison de la Place de la Halle était séparée en deux par un long couloir aboutissant à la cour et formait deux logements distincts. Celui le plus rapproché de la maison de la Veuve et héritiers Gressin Girault était alors occupé par les demoiselles Gressin Desmoulins , modistes et l’autre, qui joute la maison Née dont sera parlé plus loin, par le Sieur Bourdin , cabaretier à l’enseigne « du Bon Pasteur », qui avait succédé à Monsieur Jean Baptiste Boyron , pharmacien . Le tout appartient à Monsieur Guillaume Meynial sus nommé qui l’avait acquis, moins la maison donnant sur la Rue Fangeuse , vers 1865, de son oncle Monsieur Antoine Rigaud , lequel la possédait depuis 1856 comme acquéreur des héritiers du Sieur Benoît Porte , ancien marchand de bois . Au commencement du siècle présent, elle appartenait, je crois, au Sieur Élie Xavier Dugenne , officier de santé , qui fut déporté à la convention en 1793. La partie de la Rue Fangeuse qui, avant 1865, ne consistait qu’en un petit bâtiment ayant écurie et boutique de charron (Atelier) au rez de chaussée et chambre d’habitation au 1er étage, fut acquise la même année 1865 par Monsieur Guillaume Meynial du Sieur Frédéric Boulay dit « Fédéré », charron , qui la tenait lui même de Benoît Porte . (45)
La cinquième maison est habitée par le né Numa Croses Née , marchand de tissus en détail et appartient au Sieur Jean Baptiste Née Almain , beau père qui habite lui même une petite maison située Rue Fangeuse et dépendant de celle présentement décrite. Une cour se trouve entre les deux constructions. Avant l’installation du Sieur Croses dans cette maison, elle était occupée par un café exploité par le Sieur Eugène Renault . Monsieur Née a acquis cet immeuble en 1864 des héritiers du Sieur François Lejay père, qui la possédait déjà en 1820. (46)
La 6ème maison occupée par Madame Joséphine Colleau Veuve d’Ensèbe Mouillon marchande de faïence , lui appartient comme héritière de son père Louis Joseph Colleau , perruquier , faïencier et marchand de plâtre . Madame Mouillon est le dernier rejeton de cette famille des Colleau , si ancienne à Sancerre et qui a fourni des notaires , procureurs etc.. du 16ème au 18ème siècles. (47)
La septième maison mérite une description spéciale. Elle se compose d’un sous sol, d’un rez de chaussée et d’un premier étage. Le sous sol sert de boutique d’épicerie et de saboterie en même temps que de salle à manger au Sieur Bazile Victor Renard propriétaire de l’immeuble. Rien de plus drôle que le coup d’œil qu’offre cette pièce vue du trottoir longeant la maison, à la nuit tombée et au moment ou le Sieur Renard et sa famille prennent en commun le repas du soir. On se recule instinctivement avec la crainte de tomber la tête la première dans la soupière ou dans le plat de ragoût. Le rez de chaussée est occupé par un magasin de lingerie [LM76] et bonneterie [LM77] ayant pour enseigne « A Sainte Marie [LH01] » et appartenant à Mademoiselle Eulalie Robert [F999]. Les chambres du premier étage sont habitées par cette dernière et le propriétaire. Cet immeuble qui se prolonge jusqu’à la Rue Fangeuse [L053] où il a sa sortie, a été acquis en 1866 ou 1867 pour le Sieur Bazile Victor Renard [F615] des héritiers de Jean Baptiste Guillot [F180], ancien boulanger [M550] et ancien adjoint au Maire de Sancerre, lequel la tenait lui même depuis 1828 d’Étienne Boulay [F052], propriétaire. (48)
La huitième et dernière maison, qui fait la cour de la Rue de l’Égout , dont elle occupe tout le côté gauche en descendant, appartient à la née Louise Planchon Veuve de Joseph Salmon dit « Chinette », épouse en 2ème noces de Joseph Bouchard dit « Boulon » et aux enfants mineurs issus de son 1ermariage. Un cabaret y est exploité par les époux Bouchard sous l’enseigne de « la Tour de Sancerre ». Une salle immense occupe le rez de chaussée et à son entrée par la Place de la Halle . Sous cette pièce existant des écuries qui ont pu y être établies en raison de la différence de niveau de ladite Place et de la Rue Fangeuse . Sur cette dernière rue ouvrent la cour et une pièce servant au Sieur Bouchard d’atelier de tonnellerie (magasin). Au dessus de cette pièce se trouvent des chambres nouvellement établies et auxquelles en communique par un pont en bois longeant le bâtiment. Les époux Salmon Planchon avaient acquis cette maison en 1868 de Symphorien Josselin , serrurier qui l’avait {Bonnin page : 333} lui même acquise en 1846 de Grégoire Borel , propriétaire au Crot de Vaux . Elle fut habitée vers 1830 par un nommé Gobin , droguiste , auquel succéda un né Ebrat aussi droguiste . Ce Gobin passant un jour sur le chemin conduisant au domaine de Marey commune de Veaugues , appartenait alors à Madame Boyron , en compagnie de deux garnements de son espèce conçut et exécuta le projet diabolique de briser d’un coup de fusil une statuette de la Sainte Vierge qui se trouvait incrustée dans la croix plantée sur le bord du chemin. La punition ne se fit pas attendre longtemps. Ayant entrepris le commerce de vins, il se rendit un jour à Paris et là, dans une chambre d’hôtel garni, il se fit sauter la cervelle. A l’époque du siège de Sancerre, en 1573, elle appartenait à Catherine Bourgoin . A sa mort animé quelques année après, elle advint par succession à Edme Greslot , vigneron et à Jeanne Deschot , sa femme, demeurant à Bourges , paroisse de Saint Ambroise, qui la vendirent le 20 avril 1597, par acte reçu Maître Charles Mesurier , notaire ordinaire juré au Comté de Sancerre, au Sieur Blaise Gévry , Procureur au grenier à sel dudit Sancerre, moyennant cent écus. Celui-ci la revendit au Sieur Pierre Colleau , notaire royal qui l’échangea en 1658 contre une autre maison appartenant à Étienne Gévry , bourgeois de Sancerre, fils du précédent, située sur la même place à l’autre coin de la Rue de la Porte César et appartenant aujourd’hui à Monsieur Guet Girault . (49)