La Rue des Juifs commence au point de réunion des Rues de Saint Martin et de Saint André et de l’Impasse de l’hôpital . Elle se termine à la Place sud de la Halle , après avoir été traversé par la Rue Fangeuse . (2)
En 1276, un concile tenu à Bourges ayant défendu aux Seigneurs et à leurs officiers de permettre aux juifs d’habiter ailleurs que dans les villes et les châteaux, et de peur qu’ils ne cherchassent à abuser de la simplicité des chrétiens de la campagne, et ayant décidé que dans chaque ville un quartier spécial leur serait assigné, la rue présentement décrite fut désignée à Sancerre pour les recevoir et elle prit leur nom qu’elle a gardé jusqu’à nos jours. La création de cette rue dut même, à mon avis, leur être attribuée, car à cette époque la ville n’était pas encore entièrement construite et le Seigneur n’aura pas manqué d’imposer à ces nouveaux venus, qui avaient la réputation d’être excessivement riches et qu’on cherchait du reste à molester de toutes manières, la charge de construire leurs habitations en cet endroit. Il est supportable aussi qu’elle devint, par suite de cette agglomération de juifs, la rue la plus commerçante de la ville. (3)
En montant cette rue, dont toutes les maisons ont au moins un étage, on trouve sur sa droite, entre la Rue Saint André , et la Rue Fangeuse : (4)
La maison habitée par le Sieur Abel Déron , ferblantier , qui fait le coin de la Rue Saint André . Les ateliers de ferblanterie sont dans cette dernière rue et aux boutique de quincaillerie est installée sur la Rue des Juifs . Elle lui appartient comme héritier de son père Louis Déron , époux d’Héloïse Vailly , lequel la tenait aussi par succession de Louis Déron , son père, cabaretier et de Magdelaine Menouillard , sa mère, dite « La Rosière ». (5)
La tuerie ou abattoir , ainsi que la maison du Sieur Rommald Célestin Guilpain , boucher , acquise par celui-ci en 1864 ou 1865 d’Alain Chertier , marchand de fers . Cette maison possède un droit de jour dans la cour du Sieur Bourgeois Jean Baptiste, Rue Saint André . (6)
Une maison habitée par le Sieur Emile Lauru , peintre , qui dépendait autrefois de la précédente et qui appartient encore aujourd’hui au sieur Alexis Chertier sur nommé. (7)
Un maison dont le rez de chaussée est habité par le Sieur Étienne Gauthier , cordonnier et le premier étage par le Sieur Jean Baptiste Berger , tailleur , appartenant aussi audit Sieur Alexis Chertier . Les trois maisons ci dessus provenaient à ce dernier d’acquisition faite de Jean Baptiste Lejay , héritier et Madame Veuve Raimbault Lajoie , sa tante. (8)
Le magasin de fers et la boutique de quincaillerie du Sieur Alexis Chertier Davignon , sur nommé, derrière et au dessus desquels sont les pièces d’habitation. L’emplacement du magasin de fers qui est contigu à la maison ci-dessus occupée par le Sieur Gauthier cordonnier , était encore il y a quelques années un passage qui conduisait à une petite cour situé par derrière et il était anciennement l’extrémité du troisième barbot, qui prenait naissance Rue des Trois Barbots (voir l’article de cette dernière rue et la maison du Sieur Bourgeois Jean Baptiste, Rue Saint André ) Le Sieur Chertier avait acquis le tout vers 1878 des héritiers de René Boucher tailleur d’habits et de Louis Leprêche sa veuve. Ces deux derniers s’en étaient rendus acquéreurs en 1847 ou 1848, de Nicolas Métivier , ferblantier , qui le tenait depuis 1842 ou 1843 de François Étienne Chamaillard dit « Chami », chapelier , lequel ou était propriétaire depuis plus de trente ans. (9)
La maison des Sieur et Dame Jules Abraham Huet , boulanger , et Marie Habert , son épouse, comprenait sur le devant une boutique (Boulangerie), par derrière des chambres d’habitation, le fournil {Bonnin page : 280} et un magasin. Au 1erétage sont des chambres d’habitation louées au Sieur Symphorien Josselin , rentier , et ayant leur entrées particulière par un corridor et un escalier situé entre la boutique du Sieur Huet et la maison suivante. Au dessus de ces chambres est une vaste pièce carrelée servant de farinier au Sieur Huet et qui était une salle de danse au commencement du siècle. Derrière les bâtiments est une cour correspondant à la Rue des Trois Barbots , sur laquelle elle a une sortie. Le tout a été acquis par les époux Huet en 1866 ou 1867 du Sieur Jean Baptiste Guillot , boulanger , qui la passés et depuis plus de cinquante ans. Elle fut occupée à titre de location après que le Sieur Guillot est quitté son industrie par différents boulangers , entre autres Jean Baptiste Millet , un nommé « Fleuriot », Jules Métivier et Letort . (10)
Une belle maison neuve couverte en ardoise et ayant sa façade en pierre de taille, qui comprend deux logements appartenant, celui le plus rapproché de Huet au Sieur Guillaume Baf et à Dame Aloïse Godinot , son épouse, marchands fripiers (marchande fripière) et l’autre au Sieur Jean Veisseyre , leur gendre, marchand de parapluies . (11)
Cette maison a été construite il y a une dizaine d’années sur l’emplacement d’une vieille masure, et une cour et d’un magasin acquis par les sieurs Baf et Veisseyre des héritiers de Jean Bonnet Perrichon . Par suite du décès de la femme Baf , Madame Veisseyre , sa fille est devenue propriétaire de la portion de maison joutant Huet , qui n’en forme plus qu’une avec l’autre. (12)
Un passage fermé par une porte cochère, une boutique de ferblanterie , quincaillerie et ferronnerie avec une jolie devanture et un petit bâtiment par derrière servant d’atelier au Sieur Alexandre Baumann ferblantier , propriétaire de ces immeubles. Le dernier les avait acquis vers 1857 d’Hippolyte Métivier , aussi ferblantier , qui les tenait de Nicolas Métivier , son père, qui exerçait la même industrie. Au siècle dernier la maison du Sieur Baumann était une Auberge portant pour enseigne : « La Croix Blanche » et dont l’hôte se nomment Pierre Dargent . Ceci résulte d’un acte reçu le 16 janvier 1724 devant Maître Rossignol , notaire à Sancerre. (13)
Une autre maison qui en formait peut être deux à l’origine, ayant au milieu un couloir conduisant à une cour située par verrière et ayant sortie sur le 1erBarbot reliant la Rue des Trois Barbots à celle des Juifs La partie se trouvant au dessous du couloir est actuellement inhabitée {Bonnin page : 281} celle du dessus qui avance de 4 à 5 mètres sur la partie supérieure de la rue comprend une boucherie et un cabaret connu sous le nom « du Soleil d’Or ». Le tout appartient au Sieur Henry Habert dit « le petit Tagne » ou « Petit Tain », boucher , qui habite cette dernière partie. Il s’est rendu acquéreur du tout vers 1841 de Jean Baptiste Blanc et d’Eugénie François Boulay . Cette dernière l’avait recueilli par représentation de Marguerite Élise Boursignon , sa mère, décédé Veuve de Vincent Guillaume Boulay , dans la succession de son aïeul Élie Boursignon , limonadier . Avant l’installation du Sieur Habert dans cette maison, elle fut occupée par différents locataires, savoir : le Sieur Branger , boulanger , le Sieur Jules Marion , cabaretier , le Sieur Pierre Habert , traiteur la Veuve Leprêtre , cabaretière (cabaretier) et le Sieur Augustin Lormière . (14)
Le 1erBarbot, conduisant à la Rue des Trois Barbots , longe cette maison à l’est et la sépare de la propriété suivante. (15)
Un jardin ayant une porte cochère et une maison à la suite appartenant à Madame Flora Quétin , Veuve de Jules Lejay , rentière qui l’habite. Le jardin joute le 1erBarbot sur toute sa longueur à l’exposition du nord-ouest et a sortie sur la Rue des Trois Barbots , en face la maison du Sieur Jean Villatte et le pressoir (pressoir à vin) de Monsieur Bongrand . Par Suite d’arrangements de famille, ce jardin et cette maison sont devenus en 1869 la propriété de Madame Veuve Lejay , au décès de Madame Marie Françoise Lejay Veuve de François Bothereau , marchande de toiles sa tante, qui la possédait depuis plus de cinquante ans. (16)
Une autre maison avec façade sculpté et belle devanture appartenant au Sieur Isidor Davignon Mille, horloger bijoutier, et dont le rez de chaussée est habité par ce dernier et la 1erétage par Monsieur Cochon, garde général des eaux et forêts . Une porte cochère pratiquée entre le magasin d’horlogerie et la maison précédents conduit dans une cour située derrière la maison et ayant sortie par la Rue Fangeuse . Monsieur Davignon possède cette maison depuis 1869 ou 1870 comme acquéreur des héritiers de Jean Baptiste Charles Gilles , pharmacien et de Madame Marie Estelle Dugenne , son épouse, que l’avaient avec mêmes acquise vers 1849 de Nicolas Froment , marchand quincaillier et mercier et de Caroline Julien , son épouse, qui la tenaient depuis 1829 du Sieur Élie Jacquet Blandin , pharmacien . De 1849 à 1870, c’est à dire entre Monsieur Froment et Madame Davignon , elle fut habitée par Monsieur Mathiot , quincaillier , Monsieur François Rotillon , cafetier , et Monsieur Jean Bardon , aussi cafetier . Le Sieur Désiré Chevallier , secrétaire de la Mairie (Hôtel de Ville) de 1848 à 1857 a habité quelques années le 1er étage de cette maison. (17)
Une maison faisant le coin de la Rue des Juifs et de la portion de la Rue Fangeuse conduisant à la Place du Puits Saint Jean , ayant sa porte d’entrée dans un pan coupé pratiqué dans l’angle nord est de la dite maison. Un cabaret y est exploité par le Sieur Henry Pouillot Desjobert , sous l’enseigne de « la Boule d’Or ». Cette maison appartient depuis 1862 {Bonnin page : 282} ou 1863 au Sieur Pierre Ducloux dit « Louby », vigneron , qui la tient par acquisition de Monsieur François Michel Delante , propriétaire Place de la Halle , lequel l’ayant vendue en 1843 au Sieur Jean Baptiste Joachin Boulay , serrurier , fut obligé de la reprendre faute de payement en 1849. Elle lui provenait de son père Michel Delante . (18)
Trois maisons seulement se trouvant entre la Rue Fangeuse et la Place de la Halle à gauche en montant, ce sont : (19)
Celle qui fait face à la précédente sur la Rue Fangeuse et à la maison Bourra de la Rue des Juifs . Elle forme deux habitations dont l’une, celle qui fait le coin, est habitée par Monsieur Ferdinand Favard , pharmacien et l’autre par le Sieur Marie Joseph Bonnin ébéniste . Elle appartient à Monsieur et Madame Jambon Caron de Nevers et elle provient à cette dernière de Monsieur et Madame Gillet Dugenne , sur nommés, ses aïeuls maternels qui habitait la portion occupée aujourd’hui par Monsieur Favard . (20)
Monsieur et Madame Gillet avaient acquis cette maison vers 1840 d’un Monsieur Dumas , propriétaire à Paris qui la possédait depuis plus de vingt cinq ans et après la mort de Monsieur Gillet . Elle fut revendue par sa fille Madame Caron au Sieur François Panseron dit « Badin », ouvrier menuisier et reprise plus tard faute de payement par le venderesse qui la donna à sa fille Madame Jambon par contrat de mariage. (21)
La maison actuellement occupée par le Sieur Henry Raimbault , marchand de fers et quincaillier , dont la façade est en pierre de taille et qui comprend les magasins au rez de chaussée et des chambres d’habitation aux 1eret 2ème étages. Elle appartient au Sieur Claude Bitard , ancien avoué et aujourd’hui escompteur , acquérir en 1875 de la faillite du Sieur Henry Raimbault , sur nommé, lequel la tenait par succession de Jean Raimbault dit « Graveline », son père, également marchand de fers qui l’avait hérité vers 1833 de sa mère la Veuve Henry Raimbault . (22)
Et celle qui fait le coin de la Rue des Juifs et de la Place de la Halle , à droite en montant, appartenant au Sieur Victor Moreau , cafetier et marchand chapelier . Comme sa façade se trouve sur la Place de la Halle , c’est là qu’elle sera décrite. (23)
En montant la Rue des Juifs , on trouve sur sa gauche, à partir de la Rue Saint Martin jusqu’à la Rue Fangeuse : (24)
Un bâtiment s’étendant en longueur sur la Rue Saint Martin , vis à vis l’Hospice (Hospice Civil), mais ayant sa façade sur la Rue des Juifs , actuellement occupé par le Sieur Jules Quétin Huet , boulanger , {Bonnin page : 283} et le Sieur Jean Hardy , tourneur sur bois . La boulangerie , qui se trouve dans le coin de la rue a son fournil au fond de la cour dont va être parlé et son magasin en bois sur le côté droit de cette cour, dans un autre bâtiment dépendant maintenant de la maison d’habitation. Le tout appartient à Monsieur Hippolyte Garsonnin , propriétaire à Saint Satur , ancien escompteur à Sancerre, Rue de la Porte Serrure , acquéreur en 1873 de la faillite du Sieur Joseph Quétin Leguay , boulanger . Celui ci la tenait par acquisition faite en 1839 de Félicité Gobin Veuve de Nicolas Métivier et des ses enfants, moyennant 6000 francs. Les époux Métivier l’avaient eux mêmes acquis par acte reçu Maîtrre Lahaussois notaire à Sancerre le vingt sept avril 1831 de Benjamin Boulay , boulanger et d’Antonine Godet , son épouse. Ledit Boulay , perdit dans l’abus du vin et des alcools sa fortune et sa santé et eut une fois bien malheureuse surtout pour un ivrogne. Il fut trouvé étendu à terre la tête dans une chaudière contenant environ deux litres d’eau. Le nez et la bouche seuls étaient dans la liquide. Benjamin Boulay la possédait comme donataire d’Étienne Boulay et de Jeanne Charpignon , ses père et mère, par acte reçu Maître Clérault , notaire à Sancerre le onze décembre 1822. Ces derniers l’avaient acquise d’Edme Raimbault et de Marie Anne Pain , par acte reçu Maître Pinard , notaire à Bué , le 29 germinal an 7. Le magasin en bois, située au fond de la cour, à droite, a appartenu à Étienne Charles Pain , qui l’avait hérité de son oncle Pierre Bonnet . (25)
Une tourelle renfermant en escalier en pierre qui dessert le premier étage de la maison qui précède et celui de la suivante sous cette tourelle est le passage conduisant à une cour commune entre ces deux maisons. (26)
Une maison appartenant depuis 1868 à Monsieur Antenor Baumann , cordonnier et à Madame Émilie Lauverjat , son épouse. Elle est divisée en deux locations ayant chacun une devanture (cordonnerie), et dont la plus rapprochée de la tourelle est habitée par le Sieur Barreau Lerat , cordonnier et l’autre est actuellement inhabitée. Elle provient à Madame Baumann de ses père et mère Michel Lauverjat et Louise Raimbault . Celle ci la tenait de son frère Louis Raimbault . (27)
Une maison dont la façade est en pierre de taille et qui appartient au Sieur Alexis Chabin , rentier et Eugénie Cassier , son épouse, qui l’habitent avec leur fille et la Veuve Antoine Chabin née Jouy , leur mère, âgée de 92 ans et la doyenne de Sancerre. Une grande porte cochère construite avec les mêmes cintres et sur le même modèle que celle de Monsieur Supplisson , Rue de la Paix , conduit à une cave située derrière la maison. Les époux Chabin l’ont acquise vers 1859 de leur frère et beau frère Michel Cassier Rouzé , charcutier et marchand de graines , qui l’avait lui même acquise quelques années auparavant d’Alain Josselin , boucher , lequel la tenait par succession de Pierre François Josselin Lornière , son père, charcutier , qui la possédait déjà en 1820. (28)
Une petite maison ayant devanture en bois (magasin de faïence), actuellement occupée par le Sieur {Bonnin page : 284} Claude Isidore Huet Jacquin , serrurier et marchand de faïence . Elle appartient à la père et mère Jean Isidore Huet , serrurier et Joséphine Métivet et elle provient à cette dernière de Claude Métivet , serrurier , son père. (29)
Une grande Maison, avec cour la séparant de la propriété qui va suivre, laquelle cour est renfermée par une grille de fer, appartenant à Monsieur Alfred Arthur Aupetit imprimeur et à Madame Emma Béguin , son épouse. Derrière la maison ci dessus qui est habité presque entièrement par Monsieur Béguin , huissier , beau père et locataire de Monsieur Aupetit , se trouve un jardin joutant à l’aspect du levant les dépendances de l’hôtel « du Point du Jour ». Au fond de la cour est un autre bâtiment, dont le rez de chaussée éclairé sur ce jardin, contient le matériel de l’imprimerie et le premier étage l’habitation des propriétaires. Le tout a été acquis en 1872, par Monsieur et Madame Aupetit, de Madame Zoboïde Julien, Veuve de Monsieur Charles Étienne Mallet [F118], ancien huissier [M542] à Charentenay [L858] (Cher) qui la tenait par succession de Joseph Julien [F173], son père, peintre [M590] en bâtiments. Celui-ci l’avait hérité d’Anne Victoire Jallot [F294], sa mère, décédée épouse de Joseph Julien [F173]. Ces deux derniers l’avaient acquise de Céline Duchet [F715], fille mineure de Pierre Duchet [F715], directeur des impositions indirectes [M809] à Saint Amand (Cher) et de feu Henriette Madelaine Malherbe [F541] et héritière par représentation de cette dernière de Jean François Corsange [F716], marchand [M724] qui fut Échevin [M644] de Sancerre du 1erjanvier 1769 au 1er janvier 1772, lequel en était devenu propriétaire en 1762 comme héritier lui même de sa mère Louise Almain [F059] Veuve de Pierre Corsange [F716], fourbisseur [M810] . Sous le passage conduisant de la cour au jardin et à l’imprimerie [LM44], et à droite, sont gravées dans la pierre les initiales de ce dernier P.C. avec le millésime de 1713. La façade de la maison donnant sur la rue avançait anciennement d’une manière considérable sur la voie publique et obstruait le passage pour les voitures. Vers 1827, le Sieur Joseph Julien [F173] abattit cette façade qui menaçait ruine et se mit en devoir de reconstruire sur les mêmes fondations. Un arrêté du maire intervenir et lui fixe l’alignement actuel, ce qui le forçait à reculer de près d’un mètre. Il ne tint aucun compte de cet arrêté et continua ses travaux. Un procès verbal fut dressé par l’autorité et le Sieur Julien [F173] fut traduit devant le Tribunal [L507] de simple police qui le condamna à l’amende et à la démolition des travaux déjà faits. Appel de ce jugement fut fait devant le Tribunal [L507] de Sancerre qui l’infirme. L’affaire fut alors portée devant la cour de cassation, laquelle, par arrêt du 6 septembre 1828, donna gain de cause à la municipalité de Sancerre. (30)
Une toute petite cour située au dessus de celle de Monsieur Aupetit et dans laquelle se trouve un puits commun entre la maison de ce dernier, celle de Monsieur Huet , boulanger , et celle de Messieurs Veisseyre Baf et Alexandre Baumann . Des contestations nombreuses ont déjà surgi au sujet de cette communauté de puisage et chacun des ayant droits a déjà dépensé en frais de procédure de quoi faire creuser un puits chez soi. (31)
Une grande cour appartenant au Sieur Veisseyre Baf , marchand de parapluies , propriétaire {Bonnin page : 285} de la maison d’en face et ayant la même origine de propriété. (32)
Une maison à un étage, dans laquelle est installé un café partant pour enseigne « Au Café Parisien » et anciennement à la Caisse d’Épargne , exploité par le propriétaire le Sieur Émile Chapuis dit « Martin », qui s’en est rendu acquéreur en 1870 de Philibert Leprêtre , rentier , Rempart des Augustins , qui la tenait par succession de sa mère Henriette Germain femme de Gilbert Leprêtre . Avant l’acquisition du Sieur Chapuis , le café était tenu par le Sieur Eugène Renault . (33)
Une grande et belle maison, avec cour à la suite et derrière et bâtiments de décharge au fond de la dite cour. Le tout appartenant à Monsieur Eugène Charpentier , tapissier , dont la devanture et le magasin (Magasin de tapisserie) sont des plus beaux de la ville. La cour a une entrée particulière par une portd cochère située proche l’immeuble suivant. Dans le mûr d’une écurie situé au fond de la cour se trouve un écusson en pierre supérieurement sculpté, ayant deux anges pour supports et représentant deux merlettes ou deux perdrix en tête et une troisième en pointe. Entre les deux premières et la 3ème et dans le sens horizontal se trouve une branche d’arbre tranchés à chaque extrémité ainsi que les rameaux. J’ai cherché dans la Nobiliaire du Berry par La Thaumassière si je trouverais à qui pouvaient s’appliquer ces armoiries. Mes recherches ont été infructueuses. Cette maison, qui a dû être habitée au siècle dernier par un personnage important de la localité, provient à Monsieur Charpentier d’acquisition faite des héritiers d’André Lejay , qui la tenait de son père Jean Baptiste Lejay , confiseur . (34)
Une grande cour commune entre Messieurs Louis Bongrand , Saint Elme Changeux , et Autinor Baumann , dans laquelle on pénètre par une belle porte en pierres taillées en bossages et au fond de laquelle cour se trouve la façade de la maison de Monsieur Bourra déjà décrite Rue Fangeuse . Cette façade est également en pierres taillées en bossage et est sans contredit, la plus belle de la ville après celle de l’Hôtel de Ville . Ainsi qu’on l’a vu à l’article de la Rue Fangeuse , il reste à décrire le rez de chaussée de cette maison ouvrant sur la cour, lequel appartient à Monsieur Saint Elme Changeux , propriétaire au petit Liban commune de Feux . Il se compose de deux grandes pièces dont l’une, celle de gauche, sert d’habitation au Sieur Jean Baptiste Pinson , charron , et l’autre d’atelier . Dans l’une et dans l’autre, on aperçoit encore des restes de boiseries et de fenêtres remontant à la première moitié du siècle dernier. Au dessus de la porte d’entrée, se trouve une plaque de pierre de 60 centimètres de hauteur sur 50 de largeur, sur laquelle sont gravées les inscriptions suivantes. (35)
O QUE BIENHEUREUX SONT CEUX QUI GARDENT (36)
CE QUI EST DROIT ET FONT CE QUI EST JUSTE (37)
EN TOUT TEMPS. PS 126 (38)
LA GÉNÉRATION DES HOMMES SERA BÉNITE (39)
PS 118 (40)
(41)
{Bonnin page : 286} Ces inscriptions indiquent évidemment que le personnage qui a construit cette maison était un notable protestant, car, au siècle dernier comme aujourd’hui, les personnes de cette religion aimaient à citer à tout propos des passages de la bible ou des psaumes de David . Mais les titres de propriété de cette maison antérieurs à la révolution, ayant été perdus, il est impossible actuellement d’indiquer le nom de ce personnage. Monsieur Changeur Saint Elme devait cette portion de son père monsieur Pierre Louis Étienne Changeux , ancien avoué à Sancerre, qui l’avait acquise avec la portion décrite Rue Fangeuse , de Christophe Dircksen , menuisier , vers 1829. Sous la maison est une cave appartenant à Monsieur Pierre Louis Bongrand , propriétaire à Saint Ladre et servant à Monsieur Edmond Bongrand , son fils, épicier , Place de la Halle , de lieu de dépôt pour ses liquides. Cette cave a été acquise par Monsieur Bongrand de Pierre Habert , ancien maître d’« Hôtel de l’Écu » qui l’avait hérité de son père André Habert dit « Cadet ». (42)
Sur le côté gauche de la cour, en entrant, se trouve un petit espace renfermé de mûrs ayant sortie sur la rue et sur ladite cour et dans lequel se trouve un puits commun entre tous les propriétaires sur nommés. La porte sortant sur la rue fait face au 1erBarbot. Derrière est un hangar où le Sieur Pinson remise ses voitures et son bois de travail. (43)
Une maison longeant la cour ci-dessus au nord ouest et ayant sa façade sur la Rue des Juifs , appartenant à Monsieur Autenor Baumann , cordonnier , qui l’habite. Elle lui provient de ses pères et mère, Emmanuel Baumann , aussi cordonnier et Marie Marguerite Habert . Cette dernière l’avait recueillie dans la succession de Gabriel Habert , son père. (44)
Une autre maison avançant considérablement sur la voie publique, actuellement occupée par le Sieur Étienne Deguingand , peintre en bâtiments et appartenant aussi depuis 1857 au Sieur Autenor Baumann , comme héritier de ses père et mère sur nommés, qui la tenaient depuis 1838 de Jean Guérin Perrichon , charron . (45)
Enfin une autre maison faisant le coin de la Rue Fangeuse , appartenant à la Veuve Theurier née Adélaïde Vatan et composée de deux corps de logis l’un ayant son entrée dans un pan coupé faisant face à la Rue des Juifs et habité par le Sieur François Frelat dit « Ménetou », sabotier et l’autre ayant ses ouvertures sur la Rue Fangeuse , habité par le propriétaire, trois ou quatre locataires habitant le premier étage. Madame Theurier a acquis cette maison en 1816 des héritiers de Paul Meunier , sabotier , qui la possédait comme donataire de sa femme Anne Theurier , laquelle l’avait héritée en 1832 de François Theurier , voiturier , son père. (46)
Trois maisons se trouvant entre la Rue Fangeuse et la Place de la Halle , sur le côté gauche de la Rue des Juifs , en montant, savoir : (47)
Celle qui fait le coin de la Rue Fangeuse appartient à Monsieur Ensèle* Bourra , rentier à Saint Satur et est habitée actuellement par le Sieur Gustave Bourra , fils, libraire et le Sieur Charles Menot , chapelier . Le local occupé par Monsieur Bourra fils, provient à Monsieur Ensèle* Bourra , savoir : la portion qui longe la Rue Fangeuse d’acquisition faite en 1856 ou 1857 {Bonnin page : 287} de Jeanne Julien Veuve de Vincent Lagogué , cloutier , qui la tenait de Joseph Julien , son père de celle joutant la boutique du Sieur Menot d’acquisition faite en 1849 de Marie Julien Veuve de Pierre Augendre , marchande de faïence , sœur de la précédente, qui la tenait aussi de Joseph Julien , son père. Le local occupé par Menot a été acquis en 1865 par Monsieur Bourra de Jean Raimbault et de Lysadie Raimbault , son épouse et provient à cette dernière de la succession de Jean Raimbault dit « Graveline », marchand de fers , qui l’avait acquise vers 1833 dudit Joseph Julien . Le magasin (Libraire) de Monsieur Bourra , fils est un des plus importants de la ville. La partie qui appartenait à la Veuve Vincent Lagogué a été occupée jusqu’au 12 avril 1860 par le Sieur Joseph Mirelle dit « la Plaisance », cloutier , natif de la Guerche (Ile et Vilaine) ancien compagnon du devoir, possédant encore sa canne et les autres insignes et ne manquant jamais d’offrir à ses collègues de passage la pièce et le repas. L’autre partie fut occupée jusqu’en 1849 ou 1850 par la Veuve Augendre et la Veuve Lormière et par leur magasin de faïence . Monsieur Bourra frère y resta jusqu’en 1869 ou 1870 époque à laquelle il céda son fond de librairie à son fils aîné qui l’exploite encore aujourd’hui. (48)
La seconde maison appartient à Monsieur Pierre Louis Bongrand , rentier à Saint Ladre , et est occupée par le Sieur Arthur Godelu Raphanaud , débitant de tabacs , armurier et marchand d’articles de chasse , successeur le Philippe Thomas . Avant ce dernier la maison était occupée par Mesdemoiselles Bazine et Rose Bonnet , modistes et débitantes de tabacs et leur frère surnommé « le Grand Bonnet », un des plus fameux chasseurs du pays. Monsieur Bongrand avait acquis cet immeuble en 1856 de Jean Raimbault dit « Gravaline » déjà nommé, qui la possèdent depuis 1839 comme acquéreur de Michel Moreau dit « Tutu ». (49)
La troisième qui a sa façade sur la Place même de la Halle , appartient audit Sieur Pierre Louis Bongrand et est occupée par son fils Edmond Bongrand , épicier . Une tourelle fort bien conservée, contenant un escalier en pierre, conduisant de la Rue des Juifs dans le magasin, avance considérablement sur la voie publique. Cette tourelle fut réparée en 1846 ou 1847, elle devait alors subir le reculement pour dégager la Rue des Juifs à cet endroit assez resserrée. Monsieur Léveillé (L’Éveillé), maire de Sancerre à cette époque autorisa les travaux de consolidation sans faire aucune observation. De méchantes langues ont bien dit que cette tolérance provenait de ce que ce magistrat était le beau père de Monsieur Edme Bongrand , marchand de bois , frère de Monsieur Pierre Louis Bongrand et que l’affaire s’était arrangée devant une belle volaille cuite à point ou devant une bouteille de bon vin blanc, mais… la chose n’est pas prouvée. Cette maison sera plus amplement détaillée à l’article de la Place de la Halle où se trouve sa façade et l’entrée du magasin de Monsieur Edmond Bongrand fils. (50)
Le carrefour formé par la rencontre de la Rue Fangeuse et de la Rue des Juifs était encore désigné 1703 dans les actes publics sous le nom de Carroir de Saint Georges . {Bonnin page : 288} (51)